À travers l'art du portrait, Mélinda Trochu vous emmène découvrir les visages de l’îlot de Rah, dans les Banks, au nord du Vanuatu. Au cours de son voyage, la journaliste a photographié 70% de la population locale. Des photos captivantes et touchantes à découvrir…
Par Sheïma RIAHI•
C’est un projet intitulé « Lukim Yu », la journaliste française Mélinda Trochu a immortalisé 132 visages de l'îlot de Rah, au nord du Vanuatu. Des regards parfois interrogatifs, innocents, rieurs… Une série de photographies sans artifices, qui témoignent d’un instant de vie.
Comment est né le projet ?
Mélinda Trochu: J'étais au Vanuatu pour du tourisme mais également pour faire des reportages en avril/mai 2016. Mon voyage a débuté avec une semaine à Rah, dans les Banks, où je devais faire un reportage sur cet îlot pour L'Edition du Soir de Ouest France. http://www.ouestfrance.fr/leditiondusoir/data/822/reader/reader.html#!preferred/1/package/822/pub/823/page/13. J'ai beaucoup discuté avec les habitants, adorables, et au bout de quelques jours, alors qu'ils faisaient tout pour rendre mon séjour inoubliable, je me suis demandée ce que je pouvais faire pour eux. Quand on va à Rah, c'est seulement avec 10 kilos de bagages. J'avais emmené quelques fournitures scolaires et un kit de premiers soins pour le centre de santé. La seule chose que j'avais vraiment dans mes bagages, c'était mon appareil photo. J'ai eu cette idée un peu folle de photographier toute la population de l'îlot dans l'idée dès le départ de leur envoyer leurs photos. Certains habitants m'ont confirmé que lorsque des gens décèdent il n'y a bien souvent aucune photo d'eux qui reste... Les photos et la mémoire qu'elles transmettent sont importantes pour moi. Alors j'ai demandé l'accord d'un des chefs du village, le chef Braian, et c'était parti pour trois séances dans le centre communautaire. Sans trépied, sans flash, sur un banc d'école et sans grand-chose mais avec beaucoup de sourires !
Sans trépied, sans flash, sur un banc d'école et sans grand-chose mais avec beaucoup de sourires !
Pourquoi avoir choisi le Vanuatu et la population de Rah ?
Avant de vivre en Australie, je n'avais jamais entendu parler du Vanuatu. J'ai rencontré une amie d'amie qui en revenait, absolument conquise par la nature et par les gens. J'aime suivre mes intuitions. Quand on rencontre quelqu'un qui parle de manière aussi passionnée d'un lieu il faut aller voir. J'aime également les challenges, Rah est très isolé mais ils reçoivent quand même des touristes chaque année. De ce que je lisais sur Internet, c'était le paradis. Alors j'ai voulu voir de mes propres yeux.
Est-ce que le contact avec la population a été simple ? Étaient-ils réceptifs à cette démarche ?
L'idée première était d'envoyer les photos aux habitants pour qu'ils les gardent à la maison et d'en faire également une exposition. Je viens donc d'envoyer les photos à Melbourne chez une amie qui les apportera à Rah fin novembre. Chaque habitant photographié recevra son portrait. Et j'espère que le second exemplaire sera accroché dans le centre communautaire. La première exposition photo à Rah sur les habitants de Rah !
La première exposition photo à Rah sur les habitants de Rah !
D’autres projets à venir ?
Côté Vanuatu, j’aimerais beaucoup trouver un financement pour photographier les 30% de la population qui me manque ainsi que faire des interviews plus poussées. Pourquoi pas un livre sur cet îlot ? Mais pour le moment, je pars m'installer dans le grand Nord canadien avec l'espoir d'apprendre sur les cultures autochtones. J'ai beaucoup appris des Aborigènes quand je vivais en Australie et je pense retrouver certaines ressemblances là-bas.