Une place de choix pour la natte traditionnelle Kanak

Lutter contre les nattes importées, c’est l’objectif du Sénat Coutumier qui veut donner une place de choix à celles confectionnées sur le Caillou. L’association « natte Kanak » travaille activement à la confection de ces trésors ancestraux.
Non à l’import, place à la natte traditionnelle dans la coutume. La demande émane du Sénat Coutumier, qui souhaitait un objet représentatif du pays, à l’occasion d’échanges internationaux et régionaux. La natte tressée en pandanus a été choisie pour sa symbolique. L’association « natte Kanak », composée essentiellement de femmes et créée à cet effet, est en phase de consultation, pas seulement locale assure Yvette Danguiny, présidente de l’association. « Cette natte Kanak elle est la structure et le pilier de notre culture. On invite les autres femmes et les autres communautés à venir s’asseoir sur cette natte. Parce que l’on doit construire et bâtir un pays avec ses communautés. Nous avons été voir les femmes Wallisiennes et des îles Australes pour leur dire de venir participer avec nous ».
 

Pépinière


Sur une vingtaine de pandanus endémiques au pays, trois variétés sont utilisées pour le tressage. Mais les petites mains travailleuses ont de plus en plus de mal à en trouver. « Il n’y a plus beaucoup de pandanus, il faut que l’on se mette à en replanter », témoigne de son côté Yvonne Goye, tresseuse de Houaïlou. 

L’association réfléchit à une pépinière qui fournirait les plans. Houaïlou a accueilli ce mardi la treizième consultation du genre, car les tresseuses sont nombreuses sur le territoire. Objectif : tisser un lien entre toutes les compétences, depuis la racine jusqu’à la natte. « Nous avons la protection de la natte traditionnelle Kanak, mais aussi la sauvegarde du pandanus et le projet d’une compétence ou d’un diplôme pour nos femmes tresseuses et enfin le travail de label, afin de certifier les produits. Nous avons aussi cette loi que nous avons déposée sur le bureau du Congrès et qui a été votée, sur l’interdiction d’importer les copies des oeuvres d’art Kanak sur le territoire », poursuit Yvette Danguiny, présidente du groupement.

L’association demande désormais l’appui des hommes pour avoir accès à la terre et aux plantations. Les sénateurs à l’origine de la demande ont cette force de proposition législative. Sur la terre coutumière, la propriété est toujours interdite aux femmes. 

Le reportage de Jean-Noël Mero
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