Plan Do Kamo: avant de voter, le Congrès a auditionné

L'intersyndicale des professionnels de santé a été reçue par les élus du Congrès.
Le Congrès de la Nouvelle-Calédonie s’est réuni en commission plénière pour étudier la réforme du système de santé. La semaine prochaine, des décisions devront être prises. Mais avant de débattre, les élus ont auditionné des professionnels de santé, la CPME ou encore la Finc.
Avant d’ouvrir le débat sur les quelque 70 pages du rapport Do Kamo transmis par le gouvernement, les élus du Congrès ont écouté l'avis des représentants des professionnels de santé: chirurgiens dentistes, kinésithérapeutes, médecins libéraux, infirmiers. Ils ont également reçu la Confédération des petites et moyennes entreprises, puis la Fédération des industries.

Durant la récente grève des professionnels privés de la santé.

Aiguiller et dégoupiller

Des auditions à la fois destinées à aiguiller les élus, et à éviter que les décisions qui doivent être prises en séance plénière la semaine prochaine ne soient à nouveau synonyme de grève. Une chose est sure: qu’ils soient consentis ou pas, des efforts seront demandés, et probablement au plus grand monde.
Feuilletez ci-dessous le rapport d'expertise.

A court terme

A très court-terme, d’abord, le rapport Do Kamo propose une panoplie de mesures d’économie d’urgence, pour limiter au maximum les dépenses de santé qui s’élèvent actuellement à cent milliards de francs par an. Recherche d’économies:
- du côté du CHT, avec par exemple l’ouverture dès 2018 d’un hospitel;
- du côté des professionnels libéraux, avec une diminution tarifaire au moins transitoire jusqu’à 2020 de 1% des tarifs concernés, qui procurerait pour le Ruamm une économie de 120 millions, selon le gouvernement;
- les médecins référents des patients en longue maladie, qui bénéficient d’une indemnisation spécifique, pourraient voir celle-ci révisée;
- revu, également, le tarif des médicaments: le gouvernement prévoit sur cette question une économie de 200 millions;
- et puis optimisation, par exemple, des tarifs des évasan, pour une économie recherchée de 300 millions environ.


A moyen terme

A moyen terme, il s’agit de trouver de nouvelles ressources, pour lutter contre le déficit structurel. Des ressources a priori fiscales. On évoque notamment la mise en place d’une taxe sur les boissons sucrées. On évoque également l’augmentation de la CCS, la Contribution calédonienne de solidarité. Et même l’évolution d’un point de la TSS avant la mise en place de la TGC.

A long terme

Enfin, à plus long terme, l’idée consiste à changer la philosophie de santé, à investir dans la prévention et l’éducation, pour privilégier la lutte contre les maladies dites sociétales. Diabète et obésité sont responsables de très nombreuses longues maladies. En Calédonie, 47 000 personnes sont prises en charge au titre de la longue maladie.


Les professionnels de santé ont demandé des réponses

Ce matin, les représentants de l’intersyndicale des professionnels de santé sont venus dire que le plan Do Kamo comporte des mesures inacceptables pour eux. Ils demandaient surtout des réponses quant à l’explosion sans précédent des dépenses de santé que le rapport relève.
Porte-parole de l’intersyndicale, le président de l’Union pour la défense de la médecine libérale évoque «des mesures non concertées alors que depuis deux ans et demi, nous avons travaillé, au sein des ateliers Do Kamo. Et deuxièmement, poursuit le docteur Dominique Chazal, nous avons mis à jour des anomalies dans les comptes de la santé.» Ecoutez ses propos recueillis par Caroline Moureaux.

Lettre au Congrès par l'intersyndicale des médecins libéraux


«De fausses bonnes mesures», pour la CPME

Reçus également, les représentants de la CPME et de la FPLS, Fédération des professionnels libéraux de santé qui est adhérente de la confédération. Celle-ci s’oppose à une série de mesures envisagées, notamment l’augmentation des cotisations pour les travailleurs indépendants ou l’assujettissement à cotisation sociale des revenus du capital. De fausses bonnes mesures, qui engendreraient un surcoût du travail pour les entreprises, estime la CPME. Son secrétaire général, Baptiste Faure, entendait également soutenir la mise en place d’une commission spéciale.

Philippe Germain souhaite une commission spéciale

«Créer une commission spéciale santé ou protection sociale au Congrès», c'est ce qu'attend désormais Philippe Germain, «pour se mettre en ordre de marche pour que le gouvernement puisse expliquer dans le détail les difficultés et les solutions que l'on peut apporter.» Ecoutez le président du gouvernement au micro de Caroline Moureaux.

Rendez-vous le 28 mai

Commission spéciale ou non, les élus n’ont pas tranché. Le sujet doit être évoqué le lundi 28 mai puisque le Congrès se réunira de nouveau en commission plénière pour étudier le rapport d’orientation. Il a notamment demandé à entendre la Cafat, pour éclaircir certains chiffres incohérents du document. «On a des différences de chiffres de plusieurs milliards, qui peuvent engendrer des décisions différentes», relate le président du Congrès. Ecoutez Thierry Santa s'interroger: «Est-ce qu'il est de la compétence du Congrès de faire des choix qui normalement, relèvent de la compétence du gouvernement?» 


L'UC-FLNKS favorable sur le principe

«Nous avons demandé que la Cafat nous refasse le point. Sinon, objectivement, nous souhaitons réformer tout le système de santé dans le cadre du plan Do Kamo, réagit Jacques Lalié, porte-parole du groupe UC-FLNKS et Nationalistes. Nous attendons d'avoir des clarifications, le 28 [mai], et on verra les mesures qui sont proposées. Mais sur le principe, on a des perspectives favorables par rapport aux propositions d'urgence qui sont engagées.»

«Une forme de démission politique», pour les Républicains calédoniens 

«Incapable d’élaborer une politique avec un véritable plan d’action pour sauver notre système de santé, le gouvernement s’est borné à transmettre au Congrès un catalogue confus et désordonné de mesures possibles», attaque au contraire le groupe des Républicains calédoniens dans un communiqué. «Confronté à une situation qu’il ne maîtrise plus, le gouvernement cherche à transférer sa responsabilité au Congrès», «une forme de démission politique particulièrement choquante».

Retrouvez le reportage de Natacha Cognard et Gaël Detcheverry.
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