En Papouasie Nouvelle-Guinée, Peter O'Neill veut interdire aux femmes d'accoucher à la maison, afin de faire baisser la mortalité maternelle et infantile. La mesure est un casse-tête logistique et financier, car beaucoup de mères vivent dans des zones rurales, très difficiles d'accès.
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En Papouasie Nouvelle-Guinée, près de la moitié des femmes accouchent chez elles, dans leurs villages. Cette pratique explique le très fort taux de mortalité infantile, de 45 pour 1000 - contre 3 pour 1000 en Australie. Et environ 1500 femmes meurent en couches chaque année dans le pays. Mardi, Peter O'Neill, le Premier ministre, a présenté un plan pour réduire cette mortalité de la mère et de l'enfant: « Nous allons rendre obligatoire pour les femmes d'accoucher dans des endroits où elles ont accès à des soins médicaux. Notre gouvernement paiera le voyage des femmes rurales, pour qu'elles puissent accoucher dans les villes. Elles pourront rentrer chez elles après. Je suis très déterminé à mettre en place cette politique. Ce sera obligatoire, et il n'y aura pas de tolérance envers les mères qui tentent d'accoucher dans la brousse. Cette mesure permettra de faire immédiatement chuter notre taux de mortalité infantile et maternelle. »
Interdire aux femmes papoues d'accoucher à la maison, c'est une mesure potentiellement intéressante, a estimé Catherine Fokes, la directrice de Safe Motherhood Alliance, l'Alliance papoue pour la maternité sans risques, sur ABC: « C'est une bonne idée, mais est-elle réaliste? Y a-t-il des cliniques proches des villages dans les zones rurales, combien de temps cela prend aux femmes enceintes de s'y rendre, le terrain est-il facile? Où peuvent-elles trouver de l'argent pour s'y faire transporter? Et si le gouvernement débloque des fonds pour financer leur voyage, comment vont-elles accéder à cet argent alors qu'elles sont dans des villages isolés? Et enfin, si une femme rurale ne parvient pas à se rendre dans une clinique, ou choisit de ne pas y aller, quelles seront les conséquences pour elle? »
Pour l'instant, Peter O'Neill n'apporte pas de réponses à ces questions concrètes. Pas plus qu'il n'a annoncé le coût de cette mesure, et la façon dont il compte la financer. Autre point d'interrogation: les femmes papoues et leurs bébés seront-ils vraiment mieux lotis dans des cliniques ou à l'hôpital? Le doute est permis, d'après Glen Mola, le chef du service de gynécologie-obstétrique à l'hôpital général de Port-Moresby: « Parfois nous n'avons même pas de gants pour accoucher les femmes à l'hôpital général de Port-Moresby, le plus grand du pays! Nous n'avons même pas les fournitures de base pour les accouchements. Si vous avez le budget, montrez-nous l'argent s'il vous plait. Nous en avons cruellement besoin. »
Peter O'Neill a indiqué qu'il ferait venir des médecins cubains dans le pays, qui seront déployés dans les zones rurales pour prendre soin des parturientes. Le Premier ministre devrait donner plus de détails sur son projet de loi en janvier 2017.