En Papouasie Nouvelle-Guinée, Peter O'Neill a échappé au vote sur une motion de censure vendredi 15 juillet. Mais son répit n'est que de courte durée. Le Parlement décidera vendredi 22 juillet s'il renouvelle sa confiance au Premier ministre, qui est soupçonné de détournement de fonds publics.
•
Vendredi après-midi, l'opposition a enfin déposé sa motion de censure contre le gouvernement, après plusieurs tentatives ces deux derniers mois. Mais la séance parlementaire a été aussitôt ajournée, conformément à la Constitution papoue. Les députés ont donc 7 jours pour faire leurs tractations entre eux, et ils reviendront débattre de la motion de censure, puis voter, à partir de vendredi prochain.
Les 7 députés du Parti du progrès du peuple, qui soutenaient la coalition gouvernementale, se sont ralliés à Don Polye, le chef de l'opposition, vendredi. Mais cela pourrait ne pas suffire. Pour le moment le camp de Peter O'Neill est plus nombreux, même si Don Polye se montre très confiant.
« Je me suis assuré du soutien des députés de mon camp il y a 2 ou 3 jours. Et les députés de la majorité ont déjà négocié avec moi pour former un nouveau gouvernement », a-t-il affirmé.
De son côté, Peter O'Neill a publié un communiqué vendredi pour apaiser les Papous. Il les appelle à reconnaître l'importance de la stabilité politique, qu'il prétend incarner, sans quoi, d'après lui, il y aura des conséquences sur l'économie et l'investissement en Papouasie Nouvelle-Guinée.
L'enjeu est crucial pour le pays. Il y a plus de deux ans, Peter O'Neill a été sous le coup d'un mandat d'arrêt pour détournement de fonds publics, et il refuse de se plier à un interrogatoire, ce qui mécontente une proportion croissante de la société papoue. Depuis deux mois la révolte gronde. La contestation a été lancée par les étudiants et se propage à d'autres corporations. L'opposition, menée par Don Polye, essaie de profiter de cette colère populaire pour renverser le Premier ministre.
Vendredi après-midi, des centaines de Papous sont venus manifester sur le parvis du Parlement, à Port-Moresby, pour réclamer la démission de Peter O'Neill.
Et la semaine dernière, les pilotes de ligne d'Air Niugini sont entrés en grève. En conséquence, des vols ont été annulés, ce qui a touché des milliers de passagers.
En réponse à la grève des pilotes, le gouvernement a haussé le ton, et créé un groupe spécial de sécurité chargé de contrôler les contestataires, piloté par le conseil national de la sécurité.
Le Président de ce conseil, Isaac Lupari, a mis en garde les anti-O'Neill: « Je préviens les chefs syndicalistes, les politiciens, les propriétaires terriens, les soi-disant professionnels, ceux qui se mêlent de ce qui ne les regarde pas, ceux qui se veulent se faire justice eux-mêmes et menacent les vies des Papous, je vous préviens: nous vous arrêterons. »
Don Polye estime que c'est une mesure catastrophique pour la paix civile. « La seule solution, c'est que le Premier ministre démissionne tout de suite. Former un groupe spécial pour réprimer les gens, ce n'est pas la solution, a-t-il martelé. Ce sont des gens qui parlent de problèmes importants et font valoir leurs droits, donc ce n'est pas la bonne approche. »
Après les pilotes de ligne, il se pourrait que ce soient les médecins et soignants qui entrent en grève à leur tour. Ils ont adressé un ultimatum à Peter O'Neill, et lui ont donné 7 jours pour démissionner.