Podcast. Covid-19 : quelles relations entre l'obésité et les cas graves de Covid-19 ?

Obésité
En Nouvelle-Calédonie, 9 patients sur 10 hospitalisés en cellule Covid-19 sont en situation d’obésité. Ligne Directe proposait le 20 octobre une émission en direct pour aborder la relation entre l'obésité et les cas graves de covid.

"Je suis médecin généraliste. Je prends aujourd’hui la plume pour aborder un sujet qui n’est pas assez évoqué, et qui est pourtant crucial : les patients atteints de forme grave de la COVID-19, qui sont hospitalisés avec de fortes doses d’oxygène ou en service de réanimation, sont tous obèses ou en surpoids. Le but n’est pas ici de stigmatiser les « gros » de notre société, mais de les prévenir : si vous êtes obèses, vous êtes beaucoup plus à risque que les autres d’avoir une forme grave de la maladie".

C'est en ces termes que débute la lettre ouverte émise par le Dr Emma afin de sensibiliser le plus grand nombre. Médecin de terrain, ce qu'elle a vu tous les jours à l'unité Covid, l'interpelle. Elle décide alors de prendre la plume pour alerter, conseiller, aider à prendre conscience.

Dans son message, le Dr Emma prend énormément de pincettes, s’excuse presque de mettre des mots sur ce mal qui ronge la population calédonienne. Le Dr Agbanglanon, diplômée en nutrition, qui exerce au dispensaire de Wé à Lifou, justifie cette prise de précaution : "C’est un tabou et c’est très difficile, même chez les personnels soignants, de ne pas être stigmatisants". "Les personnes concernées ont le sentiment d’être misent en culpabilité d’être obèses" poursuit-elle en indiquant qu'elle a réalisé une thèse sur l’obésité en métropole.

En Calédonie 7 personnes sur 10 sont en surpoids, 4 sur 10 sont obèses. Y a t-il des solutions ?

Le Dr Emma estime que c'est un phénomène moins fort en Océanie que dans les pays occidentaux, où le culte de la personne svelte, fine, est la référence. "Néanmoins, on a toujours cette notion de culpabilisation, la personne obèse va ressentir que c’est de sa faute si elle est dans cette situation, et ce n’est pas tout le temps le cas" ajoute t'elle.

D’après le Dr Agbanglanon, le premier point c’est la motivation et la prise de conscience de la personne : "Nous, en tant que soignants, on connait la théorie, mais toute prise en charge est personnalisable. Si la personne en face n’est pas vraiment motivée ou ne comprend pas l’intérêt de perdre du poids ou de changer son mode de vie, c’est très difficile."

Sortir de l’obésité c’est possible, revenir à un IMC normal, c’est très difficile, néanmoins perdre quelques kilos et être en meilleure santé, c’est ce qu’il faut viser en priorité.

Dr Emma - Docteur généraliste, volontaire à l'unité covid


Pourquoi cette relation morbide entre le Covid
-19 et l’obésité ? 


"L’obésité est une inflammation chronique de bas grade, qui entraine un retard de la réponse immunitaire et une altération de la fonction respiratoire. Cet état pathologique peut favoriser la tempête cytokinique due au Covid, qui est l’inflammation de tous les organes. L’obésité favorise aussi une plus grande coagulation qui aggrave le risque d’embolie pulmonaire. Un ensemble de facteurs qui entraine de l’inflammation chronique qui aggrave le Covid."
 précise le Dr Agbanglanon depuis Lifou.

Selon le Dr Emma et le Dr Agbanglanon, toutes les obésités ne se valent pas. Une personne en surpoids qui se nourrit bien et qui fait de l’activité physique augmente ses chances d’aller bien et se sent mieux tant au niveau psychique que physique.

La santé est l'affaire de tous

Dr Emma


On a tous, selon le Dr Emma, en tant que citoyen, commerçant, parents, professeur, notre rôle à jouer sur cette thématique qu’est la bonne alimentation. Le sucre est une drogue qui fonctionne comme l’héroïne ou d’autres substances ultra-addictives poursuit le médecin. "La boisson sucrée c’est pour les occasions exceptionnelles, comme les anniversaire ou les fêtes, pas dans le frigo ou sur la table" conseille t'elle aux parents.


Pour une prise de conscience collective


Dans sa lettre, le Dr Emma, indique qu’elle espère que ses patients de l’unité Covid, et la société dans son ensemble, ressortiront de cette crise plus forts. "Quand je dis plus forts, ça veut dire transformés, changés, conscients de son pouvoir sur sa propre santé.  La crise covid révèle la fragilité des personnes en surpoids, elle fait prendre conscience de l’impact de l’obésité sur la santé publique."

"Ce que je souhaite, au travers de cette lettre, c’est qu’il y ait une prise de position politique. Mais aussi que l’on ne soit pas passifs, que l’on se pose les questions de ce qu’il est possible de faire pour notre santé pour nous, pour notre famille." 
ajoute-t-elle.

 "L’obésité n’est pas le seul facteur aggravant, toutes les maladies chroniques le sont et dans 90% des cas, elles pourraient être évitées avec un mode de vie adéquat. C’est ça qu’il faut souligner, on est pas obligés d’être malades, on peut agir en amont pour nous, et aussi pour que nos enfants aient la meilleure santé possible. Aujourd’hui on a le covid, qui sait ce qu’on aura dans trois ans? Il nous faut renforcer notre état de santé, dans le fond, ne pas continuer à mettre des pansements provisoires."

Pour écouter la totalité de l’émission : 

Ligne directe Obésité 20/10/2021