Poindimié. Clap d'ouverture du festival Ânûû rû âbro

"BE’ JAM BE et cela n’aura pas de fin", un long-métrage de Caroline Parietti et de Cyprien Ponson.
Le Festival Ânûû rû âboro a officiellement ouvert ses portes le vendredi 13 octobre à la maison commune de Bayes à Poindimié. A l’occasion de cette 11ème édition, une quarantaine de films seront projetés. 18 réalisateurs venus de l’étranger ont fait le déplacement.
Au Festival Ânûû rû âboro, pas de tapis rouge, ni mêmes d’acteurs et de réalisateurs tirés à quatre épingles. Les invités du jour optent plutôt pour tenue aérée, tee-shirt et chemise à col ouvert, short, claquettes et lunettes de soleil. Parmi, les convives des habitués et notamment de jeunes réalisateurs. Caroline Parietti et Cyprien Ponson ont été sélectionnés pour leur film « Be’Jam be et cela n'aura pas de fin ». Un long métrage sur les Pénan de l’île de Bornéo qui luttent contre la déforestation. « C'était une première parce que nous avons eu la grande chance d'aller dans la forêt de Bornéo », souligne la réalisatrice, « Il y a trois ans, nous avons pu rencontrer ces nomades qui y vivent paisiblement ». Ce film est un véritable défi pour l'équipe, « Il fallait le faire. Nous avons pu suivre deux chasseurs, munis d'arcs et de lances, face aux bulldozers d'une compagnie de déboisement », poursuit la jeune femme. « L'objectif pour nous aujourd'hui », enchaîne Cyprien Ponson, « C'est de partager ce film avec l'ensemble des populations. Ce sera l'occasion de le faire pendant ce festival. Il faut dire également que toutes les résistances indigènes nous intéressent d'où notre envie aujourd'hui d'avoir le regard des Calédoniens ».

45 films sélectionnés


En l’espace de onze années, le Festival de l’ombre de l’homme a conquis l’ensemble des visiteurs, il est aujourd’hui pleinement inscrit dans le calendrier des festivités de l’année. Une fois de plus, la sélection des films a été draconienne. Plusieurs centaines de longs et courts-métrages ont été reçus par voie postale. Parmi les longs métrages en compétition pour le Pacifique, on note le film de Hollie Fifer. Un film sur la résistance intitulé « The Opposition » sur la communauté de Paga Hill Community à Port Moresby. Soutenue par la police locale et le gouvernement, une compagnie étrangère lance une campagne de destruction de plusieurs habitations dans un quartier pour y construire un grand complexe touristique. Autre film en compétition, « Le syndrome de Panguna » d'Alexandre Berman et Olivier Pollet. Tous deux relatent la révolte sur l'île de Bougainville, dans la région autonome de Papouasie-Nouvelle-Guinée. 20000 personnes avaient trouvé la mort. Les répercussions de ce conflit à l'issue de sa fermeture avaient créé une division au sein de la population à l'aube d'un référendum sur l'indépendance qui les attend prochainement.

Mettre en avant l'Humanité


Des films qui donnent de l’émotion et évoquent la réalité des populations indigènes de ce monde. « Ce qui marque ce festival depuis une dizaine d'année c'est qu'il y a désormais une meilleure compréhension du film documentaire », insiste René Boutin, le Directeur artistique d'Ânûû rû âboro, « il y a une vraie demande du public. Au début, c'était le festival de Poindimié et maintenant, c'est le festival du Pays. Cette année, il y a notamment beaucoup de films qui traitent de l'environnement, de l'humanité, des populations déplacées et indigènes. Je rappelle aussi que la préoccupation principale de Ânûû rû Âboro c'est l'humanité. L’objectif est de donner la parole aux populations, aux communautés marginalisées et indigènes ». Au total, 45 films seront projetés sur les écrans de la médiathèque de l’Est à Poindimié. Des projections sont notamment prévues en soirée dans les tribus de Bayes et de Wagap. Cette année encore, une trentaine de communes du territoire profiteront des films d’ici et d’ailleurs.