Portrait. Anzac Day : la Calédonienne Caroline Bartlett, à l’origine d’un centre commémoratif des anciens combattants dans l’Hexagone

En avril 2018, Caroline Bartlett est directrice du centre commémoratif des anciens combattants australiens dans la Somme. Elle inaugure ce centre en compagnie du Premier ministre français Edouard Philippe et son homologue australien Malcolm Turnbull
Installée à Canberra, capitale de l’Australie, Caroline Bartlett a été maître d’ouvrage délégué pour le ministère australien des Anciens Combattants. Elle a géré la construction d’un centre commémoratif dans le département de la Somme, inauguré pour le centenaire de l’Anzac Day en 2018. Un centre qu’elle a dirigé par la suite. Rencontre.

De Nouméa en passant par Melbourne et Canberra jusqu’à la petite ville de Villers-Bretonneux en métropole, à 43 ans, Caroline Bartlett a déjà une grande carrière derrière elle. Descendante de la famille Savoie, Caroline est née et a grandi en Nouvelle-Calédonie mais possède aussi la nationalité australienne, grâce à sa mère. Ses liens privilégiés avec nos voisins australiens lui ont fait vivre des expériences uniques.

De Canberra à Villers-Bretonneux

Après des études en relations internationales à Melbourne et à Nouméa et deux masters en poche, Caroline s’installe à Canberra et se voit proposer un poste atypique dans l’immobilier. Elle a développé un projet de grande envergure pour la ville, avec une entreprise privée; ce qui lui a permis en 2011, d’intégrer le ministère australien de la Défense, toujours dans le secteur de l’immobilier. Puis en 2014, tout a basculé.

Un chef de projet m’appelle pour me dire que le ministère australien des Anciens Combattants souhaite construire un centre d’interprétation dans la Somme. En mars 2015, le gouvernement a donné le feu vert, j’ai quitté mon poste et je suis devenue maître d’ouvrage délégué pour le ministère.

Caroline Bartlett

Caroline et sa famille ont quitté l'Australie pour s'installer à Villers-Bretonneux, en décembre 2015, pour gérer la construction du centre commémoratif, voulu par le ministère australien des Anciens Combattants.


Avec son mari et ses deux enfants, elle s’installe donc dans la petite ville de Villers-Bretonneux, à une heure et demi de route au nord de Paris, dans le département de la Somme. Pendant plus de deux ans, elle va gérer la construction de ce centre commémoratif, qui offre aux visiteurs une interprétation des évènements historique. Il s'agit d'un "projet-clé" du gouvernement australien à cette époque, pour célébrer le centenaire de l’Anzac Day, soit le 25 avril 2018. 

"En Australie, c’est l’une des commémorations les plus importantes et en France, le 25 avril a une double symbolique car c’est à cette date-là, à la fin de la Première Guerre mondiale, que les forces australiennes ont libéré le village de Villers-Bretonneux" explique-t-elle. 

Après plus de deux ans de travaux, Caroline a atteint son objectif : le centre Sir John Monash a ouvert ses portes pour les 100 ans de l'Anzac Day. 

Caroline Bartlett, directrice du centre commémoratif des anciens combattants australiens, ici avec le gouverneur général d'Australie de l'époque, Sir Peter Cosgrove, sur le site du mémorial national.

Diplomate australienne

Le centre d’interprétation regroupe plus de 450 écrans : un genre de musée qui permet une expérience immersive. "Il raconte l’histoire des Australiens sur le front occidental" explique Caroline. "Il est aujourd’hui reconnu comme un centre qui met en avant la relation entre les Australiens et les Français."

Il a été bâti sur un cimetière militaire du Commonwealth. "Le ministère m’a demandé si ça m’intéressait de prendre la direction inaugural du centre. C’était un honneur de pouvoir diriger le centre que j’avais construit" explique Caroline. Elle prend rapidement sa nouvelle fonction, qui lui vaut le statut de diplomate australienne, représentant ainsi le ministère australien des Anciens Combattants en Europe. 

Le 25 avril 2018, Caroline inaugure le centre qu’elle a imaginé, en présence de nombreuses personnalités politiques dont l’ancien Premier ministre français, Edouard Philippe mais aussi Malcom Turnbull, son homologue australien à l’époque. Mais la rencontre qui a le plus marqué Caroline est plutôt d’ordre royal.

Caroline Bartlett a inauguré le centre commémoratif des anciens combattants australiens, le 24 avril 2018, à Villers-Bretonneux, en métropole, en compagnie à l'époque, du prince Charles.

On m’avait chargé de faire visiter le centre au prince Charles. A ce moment-là, on était entouré de photographes, de journalistes… mais dans ma mémoire, j’ai l’impression d’avoir passé quarante-cinq minutes avec lui seul. Il était très impliqué, posait beaucoup de questions et c’était un honneur de l’accueillir.

Caroline Bartlett

Revenue s’installer à Canberra en décembre 2020, elle a ensuite géré à distance l’ouverture de deux autres centres commémoratifs pour le compte du ministère australien, en Thaïlande et en Malaisie. Caroline a été investie de l’ordre national du mérite, un an plus tard, une décoration dont elle est "très fière." Depuis le début de l’année 2023, elle est responsable, en tant que prestataire, du programme de maintien du portefeuille immobilier à l’étranger du ministère australien des Affaires étrangères. Un poste à responsabilités qui ne lui fait pourtant pas oublier son Caillou, qu'elle visite régulièrement pour revoir ses proches.