Répéter les gestes et leur symbolique, recadrer ses jeunes élèves par une plaisanterie, compter en langue bahasa indonesia : avec Anne-Laure Paiman, chorégraphe de la troupe Saat Menari, la transmission de la culture indonésienne via la danse ressemble à une évidence. Sa passion pour la pratique est d’ailleurs née à l’endroit même où elle la perpétue : le vibrant foyer indonésien de Robinson, qu’elle fréquente depuis son enfance.
Ces dernières années, la troupe a fait parler d’elle là où on ne l’attendait pas forcément. Ainsi lors du Rex Contest (concours de danses contemporaines organisé chaque année à Nouméa), où elle a fini première de la catégorie amateurs en 2019, avant de répéter la prouesse en catégorie confirmés deux ans plus tard…
On reprend des danses traditionnelles, des danses de création nouvelle qui existent déjà en Indonésie, et j’ai aussi voulu créer mes propres danses, avec une consonance plus moderne. Parce qu’on est en Nouvelle-Calédonie et qu’il y a beaucoup de métissage, beaucoup de jeunes qui ont besoin de se raccrocher à notre culture, mais ils pensent tout de suite que le traditionnel ça peut être ennuyeux malheureusement, alors que non !
Anne-Laure Paiman
Avant d’en arriver là et de pouvoir assumer les libertés liées à l’acte de création, Anne-Laure a été puiser à la source de l’héritage. En 2006-2007, grâce à l’Association indonésienne de Nouvelle-Calédonie, elle et quatre camarades partent se former dix jours à Yogyakarta sur l’île de Java, dans une école n’accueillant pas d’étrangers en temps normal… "C’était très fort, se souvient la trentenaire. Beaucoup d’émotions, et de volonté de se perfectionner, parce que forcément on est un peu autodidactes quand on est en Nouvelle-Calédonie. Le fait d’avoir en plus l’avis des professeurs d’Indonésie, c’était très enrichissant. […] Il faut être efficace et rigoureux pour faire honneur aux gens qui prennent du temps pour nous enseigner !"
Lors de ce voyage, puis d’un autre stage du côté de Bali cette fois, Anne-Laure prend conscience de l’importance des contextes et des règles à respecter, car "ça fait partie du patrimoine indonésien qu’il ne faut pas bafouer." Pour celle qui travaille dans la gestion des ressources humaines, issue d’une grande famille représentative de tous les métissages calédoniens, la culture indonésienne représente un vecteur d’échanges avec toutes les communautés.
Au foyer il n’y a pas que des Indonésiens : il y a des Mélanésiens, des Européens, des Tahitiens… C’est ça la Nouvelle-Calédonie : on n’est pas tous dans un cadre… Tout le monde se rencontre et c’est ce qui fait notre richesse !
Anne-Laure Paiman