En 1991, le destin de Jacky Hautaulu bascule. Un accident sur une route de son île natale de Wallis laisse le jeune homme de 17 ans, déjà atteint d’une malformation de naissance au bras gauche, avec une grave blessure à la jambe du même côté. Les complications imposent, deux ans plus tard, une évacuation sur la Nouvelle-Calédonie pour y être amputé d’une partie du pied.
Jacky, encouragé par les fondateurs de la ligue calédonienne, s’initie alors au handisport, avec de nouvelles perspectives à la clé. Dès ses premières compétitions, l’athlète s’illustre dans les épreuves du 100m, 200m et saut en longueur.
Je peux dire que c’est un mal pour un bien quand j’ai eu mon accident, parce que c’est un peu grâce à ça que j’ai pu voyager dans le monde. Même si c’était pour le handisport, ça m’a permis de voir autre chose.
Jacky Hautaulu
Après les premiers championnats de France et compétitions à l’international, il garde notamment des souvenirs marquants de ses participations aux FESPIC Games, compétition sportive réservée aux handisportifs d’Asie du Sud-Est, pour laquelle le Pacifique Sud était convié. L’aventure le mènera en Chine, Thaïlande et Corée du Sud.
Il y avait une ambiance de folie, tous les jours les stades étaient remplis. […] Tout le monde était heureux, tu ne voyais que des sourires, ça m’a marqué. J’ai fait des rencontres avec d’autres jeunes, des handicapés d’autres pays, j’ai essayé de comprendre d’autres langues… C’est ce qui m’a poussé à continuer le handisport pendant presque vingt ans.
Jacky Hautaulu
Le papa de quatre garçons – dont trois pratiquent le sport à haut niveau – a également mis son habileté manuelle au service des handicapés, puisqu'il a fait sa carrière professionnelle dans un atelier confectionnant des chaussures et prothèses à destination d’un public handicapé. En 2007, il a suivi une formation complémentaire en Métropole pour obtenir le diplôme de podo-orthésiste.
Depuis sa retraite en 2016, Jacky s’est lancé un nouveau défi. Avec plusieurs CD et clips à son actif, son groupe Togahau qui concilie traditionnels wallisiens et arrangements modernes, bénéficie d’un franc succès dépassant largement sa communauté d’origine. La formation musicale porte le prénom du dernier fils de Jacky – lui-même issu d’une contraction du nom de jeune fille de son épouse (Toga) avec le sien (Hautaulu)… Comme un hommage naturel, pour celui qui affirme avec reconnaissance : "mon plus grand rêve c’était d’avoir une famille…"