Délaissé au XXIème siècle, le métier de relieur et de restauration de livres est pourtant un savoir-faire ancestral émérite. Rencontre avec Emmanuelle Deladrière, relieuse d’art sur le Caillou.
Qui n’a jamais rêvé de voir ses vieux livres, dont les pages s’envolent, entièrement restaurés, reliés et embellis ? C’est la passion et le métier d’Emmanuelle Deladrière depuis quarante ans. Dans son atelier, une ancienne chapelle adventiste du Mont-Dore, elle reproduit les gestes de son père. Un savoir-faire fascinant.
Il faut travailler avec ses deux mains, ce qui nous rend plus intelligent. (...) Moi qui ne suis absolument pas maniaque dans la vie, je le suis dans la reliure. Il faut que ce soit bien fini avant de passer à autre chose, sinon, le livre est bancal.
Tout est réalisé à la main
La reliure d’art consiste principalement à prendre les feuillets détachés d’un futur livre, les grecquer grâce à un vieux presseur, puis de les coudre. Un travail minutieux qui demande une extrême patience et surtout une passion. Dans son atelier, tout est réalisé à la main. Presser, arrondir, jusqu’à la broderie de la tranche fine du livre, rien n’est laissé au hasard par la professionnelle.
Une fois le corps d’ouvrage terminé, Emmanuelle Deladrière doit reconstituer la couverture du livre. Comment ? En parant le cuir avec un scalpel avant de le coller. La restauration d’un livre par sa relieuse permet principalement au document de perdurer dans le temps et de s’offrir une seconde vie. La restauratrice a ainsi sauvé plusieurs milliers d’ouvrages, des albums photos ou des documents anciens.
J'ai eu à relier des écrits de bagnards, c'était touchant, ainsi que des textes de familles. J'ai eu aussi beaucoup de textes à mettre en livre. Et sans la reliure, ils seraient fichus.
Un reportage sur place de Sheïma Riahi et Nicolas Fasquel.