Les perspectives de croissance des véhicules électriques soutiennent les cours du nickel, utilisé dans les principales technologies de batterie. La spéculation sur les prix est alimentée par la crainte d’un risque de pénurie.
A partir de 2035, les seuls voitures vendues dans l'Union européenne seront électriques ou à hydrogène. Le pacte vert présenté par la Commission européenne va bénéficier aux producteurs de métaux et tout particulièrement de nickel. Le français Eramet et les négociants suisses Glencore et Trafigura se sont déjà positionnés. Tous les trois exploitent des mines et des usines, notamment en Nouvelle-Calédonie.
Les cours du nickel se sont stabilisés en milieu de semaine à la Bourse des métaux de Londres (LME). Ils frôlent le seuil des 19 000 dollars la tonne.
A ce niveau de prix, la rentabilité de l’usine de nickel de Doniambo en Nouvelle-Calédonie est assurée - et les débouchés sont garantis pour l’autre usine, celle du Sud (Prony Resources), qui produit du nickel intermédiaire (MHP-NHC) pour le secteur en forte croissance des batteries électriques.
Deux conglomérats industriels du Nord de l'Europe, produisant du nickel raffiné et des batteries électriques, pourraient utiliser prochainement la poudre de nickel (MHP-NHC) produite par l'usine du Sud de la Nouvelle-Calédonie, a appris Outremer 1ère.
Le métal a retrouvé des prix datant de fin février, porté par la forte demande du secteur de l’acier inoxydable mais surtout par les perspectives radieuses du véhicule électrique notamment sur le continent européen.
Bruxelles a donc proposé la semaine dernière de réduire à zéro les émissions de CO2 des voitures neuves dans l'Union européenne à partir de 2035, ce qui entraînerait de facto l'arrêt des ventes de véhicules essence et diesel à cette date au profit des motorisations 100% électriques. Et les batteries les plus utilisées pour les voitures de tourisme contiennent d’importantes quantités de nickel.
"La forte demande physique et spéculative associée aux restrictions de l'offre (de nickel ndlr) pousse les prix", a estimé Eugen Weinberg, de Commerzbank, interrogé par l’AFP. Six grands producteurs mondiaux sont surveillés comme le lait sur le feu par les analystes : l’Indonésie, les Philippines, la Russie, le Canada, la Nouvelle-Calédonie et l’Australie.
Le cours du "métal du diable" a été presque multiplié par deux entre son plus bas cours de mars 2020, quand la pandémie de Covid-19 précipitait vers le bas l'ensemble des cours des matières premières, et son dernier record fin février, à plus de 20.000 dollars la tonne, un seuil plus vu depuis mai 2014.
LME-Nickel
Le nickel a repris sa progression jeudi en matinée à Londres. Les stocks de métal dans les hangars du LME ont chuté de 54 tonnes à 220 074 tonnes. C'est le plus bas niveau depuis la mi-février de l'année dernière.
Le marché du nickel est en déficit de 42 700 tonnes entre janvier et mai de cette année, selon le Bureau mondial des statistiques des métaux (WBMS). L'année dernière, l'excédent était de 92 700 tonnes, a indiqué l'agence britannique.
Sur le LME, la tonne de nickel pour livraison dans trois mois s'échangeait à 18 925 dollars jeudi 22 juillet à 15H55 GMT +1,76%.