Pourquoi la Nouvelle-Calédonie fait face à une surproduction de protéines animales actuellement

Thon de Nouvelle-Calédonie
La période de pleine production de fruits et légumes bat son plein, mais avec un mois de retard par rapport à d’habitude, du fait d’une mise en culture plus tardive. Cependant, la crise que traverse la Nouvelle-Calédonie a d’autres conséquences, notamment en ce qui concerne les protéines animales, qui sont en surproduction.

2024 est une année "assez exceptionnelle" en termes de captures pour la pêche hauturière. On table sur 2 600 tonnes de poisson. Et c’est le thon jaune qui s’avère difficile à écouler, depuis la fermeture de la liaison aérienne vers Tokyo. 300 tonnes qui sont habituellement vendues au Japon. "Les bons résultats de la pêche et l'absence de débouchés posent un certain nombre de difficultés, résume Julien Barbier, le directeur adjoint de l’agence rurale. Des solutions très concrètes ont été proposées avec différents dispositifs d'accompagnement à la vente, sur des produits comme des darnes de thon congelées, qui sont déjà commercialisées."

L'idée, c'est de toucher le grand public "avec un produit très accessible, pour la grande consommation, spécifiquement sur le thon jaune. Ces actions sont entreprises avec les armateurs et les ateliers de découpe, pour pouvoir intervenir sur le stockage et reproposer ce poisson en période de capture plus basse. Les excédents de pêche peuvent être transformés, et intéresser le marché de la restauration collective."

Proposer des produits de grande consommation

Concernant la production de viande de porc, les abattages ont été ralentis de mai à juillet et le rattrapage est en cours. "Ce sont des animaux en élevage fermés pour la plupart, donc ça génère un certain nombre de difficultés sur les temps d'élevage plus longs, et une moins bonne valorisation des animaux au moment de l'abattage. Aujourd'hui, on se retrouve avec des excédents assez conséquents de cette viande", révèle Julien Barbier.

On commence à toucher du doigt une baisse de la consommation, de l'ordre d'une vingtaine de pourcents, que ça soit au niveau des fruits et légumes ou de la viande

Julien Barbier, directeur adjoint de l’agence rurale

Les excédents de viande de porc sont stockés, et on "travaille à amener ces produits à la réalité des coûts de la restauration collective en particulier. Il y a aussi des réflexions qui sont engagées pour proposer, d'ici fin d'année, des produits grand public, très accessibles."

Saturation des circuits d'abattage et de distribution

Sur l'élevage bovin, il y a aussi eu des décalages d'abattage, et on se retrouve aujourd'hui "confrontés à une période de sécheresse assez critique, déplore Julien Barbier. L'agence rurale a déclenché depuis 15 jours des mesures d'accompagnement qui visent à participer à la prise en charge d'un aliment pour les bovins. Avec l'idée de pouvoir maintenir les animaux au pâturage au maximum, ne pas décapitaliser les cheptels, et venir engorger les circuits de l'abattage et de la distribution qui sont déjà relativement saturés."

Il y a tout un travail de fond qui s'engage sur ce qu'on appelle une direction d'excédents dans le cas d'une crise, mais qui, à long terme, doit être travaillé sur une meilleure valorisation, et le report de mise en marché.

Julien Barbier, directeur adjoint de l’agence rurale

Au conjoncturel, s'ajoute la saisonnalité. La squash, la salade, la courgette, la tomate sont en vedette. "La petite différence par rapport aux années précédentes, c'est qu'on a à peu près un mois de décalage, un mois plus tard dans l'année. C'est l'une des conséquences des événements du mois de mai, qui ont décalé la mise en culture de ces cycles maraîchers. Donc là, on arrive à peu près dans la situation habituelle qu'on a à partir de mi-septembre au niveau des fruits et légumes."