Trois matinées de prévention sont organisées par la Direction du travail et de l’emploi et de la CAFAT, à Nouméa, Koné et Poindimié. Objectif : sensibiliser les employeurs, les salariés et les représentants du personnel. Le message est clair : « Tolérance 0 ! »
Malia Noukouan (SR) •
Une action qui s’inscrit dans le droit fil du Plan de sécurité et de prévention de la délinquance adopté par les élus du congrès en mars 2018. Au programme : le point sur l’alcool et ses ravages en Nouvelle-Calédonie, la réglementation alcool au travail, ce que dit la loi, les responsabilités de l’employeur et des salariés ou encore le volet prévention. L’alcool est le cannabis n’ont pas de frontière. Leur présence dans l’entreprise est aujourd’hui une réalité en Calédonie. D’où la nécessité d’instaurer une vraie politique entre hiérarchie et salariés. Cependant, certains responsables n’osent pas exercer leur droit d’autorité reconnaît Auguste Kai, qui travaille dans le BTP : « l’alcool c’est un gros problème. Je suis CHCST au sein de l’entreprise, il nous arrive de voir certains salariés arriver au travail sous l’emprise de l’alcool mais on a peur de souvent on a peur de faire des tests, parce qu’après il y a des représailles. »
Mieux prévenir les risques
Alors faut-il laisser un salarié ivre risquer un accident ou le refuser dans l’entreprise dans le but de l’aider, de le protéger et de protéger les autres ? La question est posée. La responsabilité pénale et civile de l’employeur et de l’entreprise peut-être engagée, tout comme celle du salarié. La jurisprudence a justement évolué pour permettre au chef d’entreprise de mieux prévenir les risques. « Aujourd’hui, l’employeur peut utiliser des alcootest ou des tests salivaires pour s’assurer qu’effectivement la personne ne travaille pas en état d’ivresse et qu’elle n’est pas dangereuse pour elle et pour les autres », explique Philippe Di Maggio, chef du service Prévention des risques professionnels à la direction du Travail et de l’emploi.
Santé et sécurité au travail
La lutte contre l’alcool en milieu professionnel, une des priorités de Mariano Muliakaaka, le délégué du personnel va s’appuyer sur cette nouvelle jurisprudence pour apporter une touche nouvelle au syndicalisme « On est toujours là pour revendiquer les droits et les intérêts des travailleurs, notamment en ce qui concerne le salaire, mais notre syndicat le Stop Cogetra a envie d’apporter une touche innovante à travers la santé et la sécurité au travail. » L’ivresse au travail peut aussi représenter une situation de détresse. L’employeur et/ou le salarié peuvent se tourner vers le médecin du travail ou un spécialiste.
Encadrer les pots d'entreprise
Dans le viseur du gouvernement également, les pots d’entreprise, souvent alcoolisés, organisés en fin d’année. La direction du Travail et de l’emploi veut convaincre les employeurs « il ne faut plus qu’il y ait d’alcool, en quelque circonstance que ce soit, en quelque lieu que ce soit,» insiste Philippe Di Maggio. Le but, explique le chef de service, c’est de changer les mentalités à tous les niveaux. « Laisser les salariés prendre leur voiture après leur avoir servis de l’alcool constitue un manquement, la responsabilité de l’employeur est engagée, la faute inexcusable est aussi engagée sur un manquement à son obligation de sécurité et de résultat fixé par le Code du travail. »