Alors que les discussions se poursuivent à Paris concernant l’aide d’urgence qui serait accordée à la SLN en Nouvelle-Calédonie, annonce qui pourrait intervenir dans les prochains jours, l’actualité du nickel s’est déplacée vers l’Indonésie.
Une usine et du nickel pour les batteries
L’agence Reuters a annoncé que le géant chimique allemand BASF et le groupe minier français de la transition énergétique Eramet finalisent un accord de partenariat de 2,6 milliards de dollars pour investir dans une usine hydro métallurgique en Indonésie. Il s'agit de produire du nickel (classe 1) destiné aux batteries des véhicules électriques.
Le projet Sonic Bay sera développé dans la baie de Weda, en Indonésie, pour produire des précipités d'hydroxyde mixte (MHP-NHC) à partir de nickel par le biais d'une usine de lixiviation acide à haute pression (HPAL).
En Nouvelle-Calédonie, l’usine du Sud (Prony Resources) produit déjà ce type de nickel intermédiaire dont la demande flambe sur les marchés mondiaux.
Un grand projet franco-allemand
Une présentation aux investisseurs faite récemment par Eramet a montré que la nouvelle usine indonésienne devrait commencer à produire à l'horizon 2024, sous réserve d'une décision finale d'investissement a précisé l’agence Reuters. Le site industriel aurait une capacité de production de 67 000 tonnes de nickel et d'environ 7 000 tonnes de cobalt.
Eramet détiendrait 51 % du projet, tandis que BASF en détiendrait 49 %.
L'annonce indonésienne intervient alors que la plus grande économie d'Asie du Sud-Est courtise les entreprises mondiales pour construire des installations de production de batteries mais aussi de voitures électriques afin d'exploiter les énormes ressources en nickel du pays.
La stratégie nickel de l'Indonésie
Le ministère indonésien de l'Investissement Luhut Binsar Panjaitan, interrogé par l’agence Reuters pendant le Forum de Davos, a cité le directeur général de BASF, Martin Brudermüller, affirmant que l'investissement du projet représenterait environ 2,4 milliards d'euros (2,59 milliards de dollars).
"Nous tenons à faire savoir que notre accord avec Eramet est au stade final. Il est probable que notre décision sera prise au premier semestre 2023", a déclaré le ministre indonésien citant le dirigeant de BASF.
Eramet a déclaré dans un communiqué que le projet était soumis à une décision finale d'investissement et que de plus amples détails seraient bientôt divulgués. Le porte-parole de BASF, Paul Warkentin, a également déclaré que plus de détails seraient donnés une fois l'évaluation terminée.
Un gisement de classe mondiale
Le projet sera situé sur le site minier de Weda Bay, l’un des plus importants gisements de nickel au monde. Eramet y détient déjà une usine de ferronickel en partenariat avec le géant chinois Tsingshan.
L’acquisition du gisement minier indonésien par Eramet avait été rendue possible par la soulte d'environ 150 millions d'euros versée par l'Etat en 1998, dans le cadre de l'accord de Bercy. En contrepartie, Eramet avait dû céder le massif du Koniambo en Nouvelle-Calédonie.
Cette annonce du partenariat franco-allemand dans le nickel intervient alors que l'Indonésie tente de s'imposer auprès des entreprises mondiales comme une destination privilégiée pour les usines destinées à produire des batteries de véhicules électriques ou du ferronickel pour l'acier afin d'exploiter les riches ressources minières du pays.
Par ailleurs, la société australienne "Nickel Industries" a déclaré mercredi, rapporte Reuters, qu'elle allait lever 471 millions de dollars de capital pour financer l'acquisition de plusieurs projets en Indonésie, le "dragon asiatique du nickel".
LME-Nickel le 19/01/2023 à 14:00 GMT: 28 700 dollars +3,05%