Calédoniens ailleurs : Roger et Rosine Molé, un duo gagnant

Calédoniens ailleurs : Roger et Rosine Molé, un duo gagnant
Nombre de nos compatriotes font le choix de quitter la Nouvelle-Calédonie. Etudes, recherche d'emploi, envie d'ailleurs, les raisons sont multiples. Mais qui sont ces Calédoniens qui tentent l'aventure ailleurs ? Cette semaine, Roger et Rosine Molé, installés à Fontainebleau.
«Je suis fier de ma femme comme elle est fière de moi. On s’entraide et on se motive mutuellement.» Le soutien que s’apporte Roger et Rosine a permis à ce couple marié depuis 20 ans de construire des parcours professionnels qui ne cessent de s’enrichir. Le respect et l’admiration qu’ils ont l’un envers l’autre leur permettent d’être sur une pente ascendante.

Originaires de Lifou tous les deux, ils débutent leurs vies actives sur leur île avant de s’envoler vers la métropole. Rosine bénéfice d’une formation grâce au dispositif Cadres Avenir (400 Cadres à l’époque). Le couple et ses enfants s’installent ainsi en Seine-Saint-Denis en 1998. La métisse fidjienne obtient un Bac +4. Roger «véritable soutien moral» pour l’étudiante, en profite également pour se former dans la restauration et travailler dans ce domaine. De retour au pays en 2003, le couple s’établit à Nouméa. Tous deux continuent leur ascension. Rosine travaille plusieurs années en tant que chef du service juridique au Vice-Rectorat avant de devenir principale adjointe dans un collège. Roger, désireux de passer du temps en famille, change de voie. Le Kanak devient conducteur de bus. «Un choix qui est lié à mes souvenirs d’enfance. J’ai beaucoup pris le bus quand j’étais petit et j’aimais ça. Dans ma famille, plusieurs membres étaient aussi conducteurs.»

Roger est conducteur de bus en région parisienne

Le Calédonien passe ainsi son permis poids lourd transport en commun et trouve très rapidement un poste chez Carsud en 2005. Motivé à l’idée de toujours plus se former, Roger obtient en cours du soir son diplôme d’accès aux études universitaires (DAEU). «Je savais que cela serait bénéfique pour ma carrière.» En 2016, le couple Molé bouleverse encore ses plans. Les envies professionnelles de Rosine la poussent à venir à nouveau se former en métropole. Si cela demande quelque «sacrifices» à Roger, tous deux voient surtout le côté positif de ce nouveau déménagement. «En tant que couple, le fait de quitter le Territoire, de quitter le cocon familial permet de trouver un second souffle. S’installer dans une nouvelle vie nous permet de nous retrouver, de resserrer les liens», estime Rosine.  Alors qu’elle se consacre à une formation pour devenir personnel de direction, Roger se consacre à ses projets professionnels.  S’il envisage un temps de passer une validation des acquis de l’expérience (VAE) pour obtenir ensuite un DUT transport logistique, il fait deux formations qui lui permettent d’être apte à conduire des bus en métropole.

Le couple s'est réinstallé en région parisienne en famille depuis 2016

Le Calédonien est ainsi embauché dans la foulée par Transdev. Une expérience enrichissante et formatrice pour Roger. «Ca n’a rien à avoir avec le métier de chauffeur de car en Nouvelle-Calédonie. Pour moi, c’est un moyen de réapprendre mon métier.» Le couple doit rentrer courant 2019 sur le Caillou et Roger imagine comment mettre ses nouvelles compétences au profit de son entreprise. «J’aimerais faire partager mon expérience, je me renseigne énormément, notamment sur tout ce qui est électrique comme la géolocalisation ou la billetterie.» En attendant, Roger et Rosine continuent de s’épauler. «Je ne regrette rien, je suis bien», indique le Kanak.

par ambre@lefeivre.info 
A six mois du référendum d’autodétermination, découvrez chaque semaine, le regard que porte le «Calédonien ailleurs» de la semaine sur cette échéance. Roger a répondu à nos questions.

- Comment appréhendez vous le référendum ? Etes-vous sereins, inquiets ?

Quand je suis en France, c’est mitigé. Ce n’est pas clair dans ma tête sur mon choix mais je crois qu’on a besoin de se développer. On a du potentiel à développer mais il nous faut du temps pour bien se préparer, du temps pour se décider un jour à voler de nos propres ailes.

- Quelle vie voulez-vous construire là-bas ?

On parle de destin commun : on le vit tous les jours avec les autres communautés. C’est comme cela qu’on doit vivre.
Je veux  me rendre disponible. Si mon expérience peut aider à la construction du Territoire, tant mieux. Avec le peu que j’ai, j’aimerais emmener le pays à l’émancipation économique et professionnelle. Même sans diplôme, on peut venir travailler en France et profiter des formations car il y en a pleins en métropole.


- Comment la Nouvelle-Calédonie doit se développer ? Dans quels domaines ?

Il faut se concentrer sur le travail des jeunes,  il faut se mettre tous autour d’une table et pouvoir avancer intelligemment.