En escale à Lifou, une aborigène issue de la « génération volée » a profité de quelques heures pour rendre visite à une partie de sa descendance, originaire de l’île. L’occasion de revenir sur le cas de ces milliers d’enfants qui ont été arrachés à leur famille.
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Il y a quelques jours, une famille de Lifou recevait ses aïeux, originaire du Territoire du Nord. D’émouvantes retrouvailles, célébrées le temps d’un repas, et qui rappellent qu’au XIXème siècle, en Australie, des enfants aborigènes ont été enlevés à leur famille pour être élevés chez des Blancs. Un programme mis en place par l’Etat australien afin de mettre un terme à la culture autochtone.
Comme d’autres enfants aborigènes, Maureen a été éloignée très tôt de sa famille. Si certains ont été placés dans des orphelinats ou des institutions éducatives fermées, tous ne relevaient d’aucune protection de l’enfance mais étaient sous le coup de « lois de protection des aborigènes » qui permettaient un pouvoir de contrôle très fort.
La famille Hunter a, depuis, quitté Lifou pour rejoindre le Territoire du Nord où elle poursuit un travail de reconstruction identitaire. S’il est difficile de donner un chiffre exact des personnes ayant subies les mêmes violences, le rapport gouvernemental « Bringing them home » publié en 1997 affirme que pas une famille aborigène n’a été épargnée par ces enlèvements, sur une ou plusieurs générations.
Le reportage de Philippe Kuntzmann :
« Un immense honneur de la recevoir »
Ce déracinement familial, d’une grande violence, a été vécu par Maureen Hunter, aujourd’hui âgée de 86 ans. L’une des ses filles ayant eu des enfants avec un natif de Lifou, cette aborigène revient visiter pour la troisième fois sa famille éloignée. Celle qui, petite, était vouée à un programme de blanchiment de la race comme de nombreux autres enfants métis, fait, désormais, l’objet du plus grand respect. Comme l’explique Willy Weni-he, son gendre : « Pour moi c’est un immense honneur de la recevoir. C’est un honneur pour moi mais aussi pour tout le pays. Surtout ici à Lifou, nous ici les kanak. Avec son histoire, je pense qu’on devrait lui dérouler le tapis rouge ».Comme d’autres enfants aborigènes, Maureen a été éloignée très tôt de sa famille. Si certains ont été placés dans des orphelinats ou des institutions éducatives fermées, tous ne relevaient d’aucune protection de l’enfance mais étaient sous le coup de « lois de protection des aborigènes » qui permettaient un pouvoir de contrôle très fort.
L’envie de resserer les liens
Placée dans une mission religieuse, Maureeen rencontrera celui qui deviendrait par la suite son époux, originaire des îles Tiwi. Il faudra attendre la fin de la Seconde guerre mondiale pour voir cette politique d’extinction des populations aborigènes prendre fin avec, en 1972, la « politique d’autodétermination » leur accordant des droits. Aujourd’hui, la vieille dame aspire à entretenir les liens avec sa descendance. Et que cet effort se perpétue au sein de la famille malgré la distance. « Nous avons vécu l’époque de la génération volée, nous voulons nous assurer que la nouvelle génération, les enfants et les petits-enfants de notre mère, puissent maintenir ces liens et ne pas rompre le contact avec leur famille et leur culture. Notre génération en est consciente, nous avons grandi sans nos grands-parents… » confie l’une des filles de Maureen.La famille Hunter a, depuis, quitté Lifou pour rejoindre le Territoire du Nord où elle poursuit un travail de reconstruction identitaire. S’il est difficile de donner un chiffre exact des personnes ayant subies les mêmes violences, le rapport gouvernemental « Bringing them home » publié en 1997 affirme que pas une famille aborigène n’a été épargnée par ces enlèvements, sur une ou plusieurs générations.
Le reportage de Philippe Kuntzmann :