Réunis pour commémorer le souvenir du 22 avril 1988 à Ouvéa

22 Cette maman de Gossanah a déposé une gerbe au nom des femmes de la tribu sur le monument dédié aux militaires.
A Ouvéa, officiels, coutumiers, représentants des comités et très nombreux habitants se sont réunis pour rendre hommage à ceux qui sont morts sur l'île il y a trente ans. Ce dimanche était commémoré le 22 avril 1988, quand l’attaque de la brigade de Fayaoué a coûté la vie à quatre gendarmes.
Jean-Marie Dassule, président du comité du 22-Avril-1988
Le maire d'Ouvéa, Boniface Ounou.
Les porte-drapeaux.
A gauche, Jean-Marie Dassule et Banabas, le père du jeune caporal.
«Plus jamais ça. Plus de violence, plus de haine. Plus jamais ça.» C’est le cri du cœur de Samuel Ihage. En 1988, cet ancien gendarme kanak était retenu en otage avec ses collègues dans la grotte de Gossanah. Trente après, ces souvenirs douloureux restent ancrés dans sa mémoire. «J’ai été mettre deux trois petites fleurs sur le monument, à la veille des commémorations, confie-t-il. J’ai toujours des émotions, à la veille. J’y pense. J’y pense tout le temps. Maintenant, il faut vivre ensemble, c’est un peu le maître-mot.» 

Cette année, les habitants de Iaai ont participé en nombre à la messe et au dépôt de gerbes à la brigade.

Vivre ensemble​ malgré tout

Vivre ensemble, une notion qui est revenue dans l’ensemble des discours. Aussi bien les officiels que les militaires et les coutumiers ont appelé la population de Iaai à regarder vers l'avant. Tout au long de la journée, les prises de paroles ont fait la part belle à la paix, au pardon et à l'unité. Une unité que l'on pouvait ressentir le matin, lors de la messe œcuménique à Saint-Michel. L’aumônier de l’armée l'a dit, «le sang versé a la même couleur». Dans l’église puis à la brigade de Fayaoué, les témoins des événements et les coutumiers se sont tenus aux côtés des militaires.

«Tous ces morts doivent être associés»


Des liens renforcés

Ces commémorations communes permettent, d’une certaine manière, de renforcer les liens entre les familles d’Ouvéa elles-mêmes et les gendarmes. Un rapprochement initié en 1998, notamment, par Jean-Marie Dassule, président du comité du 22-Avril, et Macky Wea, président du comité 5-Mai de Gossanah. «Tous ces morts doivent être associés, répète Jean-Marie Dassule. Même si moi, je représente les familles des gendarmes, il y a aussi les familles des dix-neuf, les mamans… La souffrance d’une maman est la même qu’elle soit du côté des gendarmes ou du côté de l’île, et les larmes sont les mêmes.»

Durant la coutume à la chefferie de Fayaoué.

La population venue en nombre

«Moi, ça fait cinq ans que je participe au dépôt de gerbes, souligne Macky Wea. Avant, on n’avait pas eu de monde, on pouvait compter sur les doigts de la main le nombre de personnes qui étaient là, et puis, cette année, c’est vraiment… Ça veut dire que les gens, ils veulent avancer ensemble. Donc, c’est important.»

«Le sang versé a la même couleur», dira l'aumônier militaire durant la messe à Saint-Michel.

Au nom des femmes de Gossanah

Les habitants présents en nombre pour ces commémorations, voilà une image à retenir de cette journée. D’autres moments forts se sont produits lors du dépôt de gerbes au monument qui se dresse à la gendarmerie de Fayaoué. Celui à la mémoire des quatre gendarmes qui ont perdu la vie dans l'attaque de la brigade et des deux membres du 11e régiment parachutiste de choc tués le 5 mai dans l'assaut de la grotte. Il y a eu notamment cette couronne placée par une maman de Gossanah de la part des femmes de la tribu.

Recueillement du haut-commissaire devant le monument aux gendarmes, Thierry Lataste.

Les deux comités du 5-Mai​

Les représentants des différentes institutions calédoniennes se sont succédés devant la stèle. Mais étaient également présents les deux présidents des comités du 5-Mai, lesquels honorent la mémoire des dix-neuf Kanak tués près de la grotte. Et c'est un autre moment marquant: Macky Wea et Alexandre Walep qui placent, ensemble, une gerbe de fleurs sur le monument des militaires.

Les deux présidents des deux comités du 5-Mai déposent une gerbe sur le monument des gendarmes.

Trente ans déjà, trente ans seulement

Alexandre Walep est l’un des témoins du drame, et il assistait pour la première fois au temps de recueillement à la gendarmerie. «Les événements, on ne peut pas les oublier», souffle-t-il. Trente ans déjà, diront certains. Trente ans seulement, diront les autres. A Ouvéa, la journée du 22 avril 1988 reste dans les mémoires. Les blessures sont encore profondes. Mais beaucoup veulent aujourd’hui avancer. 

Un reportage de Malia Noukouan à écouter ici.

Hommage au caporal Baouma ​décédé en 2008

A signaler qu'au début de cette journée de commémoration, les autorités se sont rendues sur la tombe de Melam Baouma. Le jeune caporal d'Iaai décédé en Afghanistan il y a dix ans, en 2008, lors d'une opération extérieure. Coutume a aussi été faite à la chefferie de Fayaoué.

Un hommage a été rendu au jeune caporal Melam Baouma décédé en Afghanistan.

Diaporama

Jean-Marie Dassule, président du comité du 22-Avril-1988
Le maire d'Ouvéa, Boniface Ounou.
Les porte-drapeaux.
A gauche, Jean-Marie Dassule et Banabas, le père du jeune caporal.