A Paris, la Maison de la Nouvelle-Calédonie, initie les étudiants de la province des Îles aux démarches administratives de l'Hexagone

La maison de la Nouvelle-Calédonie, à Paris.
Comme chaque année, en cette période de rentrée, les étudiants calédoniens arrivent à Paris. Avant de rejoindre leur ville d'études, les jeunes de la province des Îles passent par la Maison de la Nouvelle-Calédonie afin de finaliser leurs démarches administratives.

"Est-ce que les bourses seront impactées par la crise ?" Accueillis à la Maison de la Nouvelle-Calédonie (MNC) à Paris, des étudiants de la province des îles s'initient aux démarches administratives hexagonales. À l'appréhension habituelle s'ajoute le contexte tendu que traverse le territoire. Arrivés la veille au soir, les jeunes calédoniens écoutent  Francis Ixeko, le responsable du service étudiant de la MNC. "Durant trois jours d'ateliers, on va formaliser les démarches administratives, voir où ils en sont au niveau du logement", détaille Francis Ixeko. "Avec le temps, on a vu que tant que les démarches administratives ne sont pas réglées, ça joue sur leur motivation à la rentrée".

75 étudiants de la province des Îles

Jusqu'à la fin du mois d'août, environ 75 étudiants originaires de la province des Îles passeront par la maison de la Nouvelle-Calédonie. Les répercussions de la crise actuelle se font sentir. "Est-ce que le paiement des bourses sera impacté par la crise ?", interrompt l'un d'eux tandis que Francis Ixeko rappelle l'importance d'ouvrir un compte en banque rapidement et les modalités de versement des aides."C'était ma principale inquiétude parce que je savais que si je ne la recevais pas, je ne pouvais pas venir", complète Annie Rokuad, 18 ans, future étudiante en sociologie à Lille.

"Reconstruire le pays"


Si certains étudiants reconnaissent être soulagés de quitter pour un temps l'ambiance pesante de la Nouvelle-Calédonie, tous disent vouloir y revenir. "Quitter la Nouvelle-Calédonie, ça me permet de pouvoir avancer dans mes études. Mais peut-être que pour la suite, avec mes diplômes, je vais pouvoir aider mon pays à se reconstruire", explique Leïlani Ita, 18 ans, qui part étudier les ressources humaines à Clermont-Ferrand et se dit persuadée que le territoire "peut remonter la pente".

La MNC aide aussi à la recherche de logement, compliquée par les problèmes de garants, donne des conseils pédagogiques et sensibilise les jeunes au "piège de l'argent"."On essaie de les alerter là-dessus. Par rapport à la vie chère en Nouvelle-Calédonie, c'est un peu le paradis ici", explique Adrien Trohmae, le référent "vie étudiante" à la MNC.Point d'ancrage incontournable des étudiants calédoniens en métropole, la MNC garde le contact avec eux "au moins une fois par mois" et il n'est pas rare que les liens perdurent dans la durée, poursuit Adrien Trohmae.

Un reportage de Bruno Gabetta et Ruhan Chen 

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Menace de cessation de paiements

L'institution fondée en 1989, au lendemain de la signature des accords de Matignon-Oudinot, n'est pas épargnée par les soubresauts politiques que traverse la Nouvelle-Calédonie. Sans directeur depuis l'été 2022, suite au décès de Joël Viratelle, elle est constamment sous la menace d'une cessation de paiements.

Les provinces Sud et Nord ne financent plus la MNC et ont confié le suivi en métropole de leurs étudiants à leurs propres organismes, rompant avec "l'esprit de concorde" qui présidait à la création du lieu."Cette Maison de la Nouvelle-Calédonie, c'est la maison de tous les Calédoniens. Le fait que d'autres (provinces) aient des services différents aujourd'hui, c'est un peu triste. Il y a quelque chose de bancal, cassé", regrette Adrien Trohmae. À ce jour, la MNC n'accueille plus que les étudiants et les évasanés de la province des Îles.

Le décryptage d'Yvan Avril

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