La filière pêche réfléchit à son avenir à Lifou

Le déchargement d'un arrivage de thon jaune à la poissonnerie de Lifou
Depuis trois ans, la poissonnerie de Drehu s’est réorganisée pour répondre à la demande croissante. Mais le secteur de la pêche reste tout de même fragile, en particulier du côté des professionnels.

Créée il y a 20 ans, la poissonnerie de Lifou a fait l’objet d’une restructuration il y a trois ans par la Sodil, le bras économique de la province des Îles. C’est toute la filière pêche qui s’est réorganisée pour répondre à la demande croissante de poissons frais de qualité. 

Les procédures ont par exemple été repensées pour rentabiliser la ressource. Simone Waheo, responsable de la transformation à la poissonnerie, explique ainsi que "rien ne se perd ici. Quand les poissonniers ont fini la découpe, je récupère les restes et ensuite je transforme. Il y a la salade tahitienne, les rillettes puis les tartares. Et aussi le sashimi. On prépare ça tôt le matin comme ça quand les clients arrivent à 7h-8h, l’étal est déjà prêt".

Réduire les coûts

La poissonnerie emploie cinq personnes à plein temps. Les mesures d’hygiène sont prises très au sérieux, la chaîne du froid est respectée à la lettre, gage de produit de qualité. Des produits plébiscités par les restaurateurs et les cantines scolaires mais tout ceci a une coût et la facture d’électricité explose notamment.

Pour Sarah Canehmez, directrice générale du pôle agro-alimentaire de la Sodil, "il nous faut dans l’avenir réactualiser nos équipements qui consomment énormément d’électricité. Nous avons mis en place avec l’aide de la province des panneaux photovoltaïques pour réduire la consommation électrique. Dans l’avenir, il faudra aussi tendre la main vers les pêcheurs pour un accompagnement voire pour les aider au niveau de la filière". 

Faire de la pêche une activité rentable

Pour les premiers maillons de la chaine, les difficultés sont nombreuses : les prix du carburant qui explosent, les aides qui disparaissent, autant d’éléments qui découragent certains patrons pêcheurs.

Selon Alexandre Rigourd, trésorier du syndicat des pêcheurs professionnels de Lifou, "aujourd’hui, à pêcher, à ne faire que ça et à survivre, on est peut-être maximum 5. Pendant des années, on a bossé avec la poissonnerie, on fait de notre mieux, on a toujours laissé du poisson. Par exemple, encore là ce matin, on en laisse un petit peu. Mais le fait est qu'aujourd’hui, les pêcheurs doivent se débrouiller. Il y a plein de fois où quand on va à la pêche, on fait des petites pêches et on vend à côté".   

Après une demande en forte augmentation, notamment au niveau du pélagique, la filière pêche de Lifou espère être soutenue dans les années à venir. La préservation de la ressource est aussi un élément important à prendre en compte.

Le reportage de Nicolas Esturgie :

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