Le mauvais temps et les perturbations du trafic aérien n’ont pas empêché de poursuivre le travail de mémoire. Samedi, les commémorations envers les disparus de La Monique ont pris place dans le Nord-Ouest de Lifou, au site Haima de Xepenehe.
C’est de là que le caboteur a quitté Lifou pour Maré, en ce funeste mois de juillet 1953. Il a disparu après avoir quitté Nengone, puisque le navire n'a jamais atteint le port de Nouméa. De lui on a retrouvé "trois fûts vides, ainsi qu'une bouée et des traces d'huile", comme il a été rappelé ce jour.
Des fleurs à la mer
Comme Ouvéa jeudi, le pays drehu vivait cet événement pour la première fois, et la journée a été ponctuée de moments forts. Ces fleurs lancées dans la baie de Santal en hommage aux disparus : 108 passagers et dix-huit membres d’équipage parmi lesquels 59 personnes de Lifou (images de Brigitte Whaap).
De toutes les Loyauté, c'est cette île qui a payé le plus lourd tribut. Les nom, tribu, âge, des malheureux ont été énoncés par des écoliers.
Un monument mémoriel a été également dévoilé, dans l’idée d’être transformée en pierre commémorative l’année prochaine, pour les soixante-dix ans du drame.
Des habitants ont apporté leur témoignage. Pascal Wakapo, petit chef de Nang, assistait au départ du caboteur, il y a soixante-neuf ans. Il en avait cinq.
"La Monique" vue de Lifou, Pascal Wakapo, par Brigitte Whaap
"On raconte comme si c’était aujourd’hui"
Cette grand-mère s'avère même une rescapée. Elle raconte en langue comment son mari lui a demandé de prendre La Monique pour le rejoindre à Nouméa. Mais son cousin germain, son frère dans la coutume, lui a dit de ne pas partir.
Voici la traduction de son histoire. Deux vidéos signées David Bilbault :
Une traductrice qui a découvert ce récit à l'occasion de la journée commémorative :
Le porte-parole de la chefferie de Xepenehe se réjouit d'une journée comme celle-ci. "C’est la première fois qu’un tel événement est organisé. Nous n’avons pas l’habitude dans le monde mélanésien de faire ce devoir de mémoire", souligne-t-il. "Personnellement, j’ai un cousin avec sa femme qui ont disparu en même temps que La Monique." Il répond à David Bilbaut :
Une jeunesse attentive
Ces garçons étaient curieux de savoir si un de leurs vieux figurent parmi la liste des victimes. "On est venus pour écouter les noms de ceux qui était dans La Monique."
Ces filles livrent elles aussi les raisons de leur présence.
Les enfants de différentes écoles (Xepenehe, Trupit, Luecila) ont en effet participé à l'événement. Ils ont créé des poèmes, des chants ou un slam exprès pour l’occasion. Certaines classes ont fait un travail particulier sur cette histoire de La Monique. Ecoutez ces élèves de CE1-CE2 à Xepenehe entonner "Ô toi, mon mystérieux bateau, murmure-moi ton histoire", sur l’air de Ce n’est qu'un au revoir.
Synthèse de Brigitte Whaap :
Ce dimanche, comme chaque année, c’est sur Maré, à Tadine, qu'aura lieu une cérémonie.