Après une scolarité débutée sur son île natale de Lifou et poursuivie dans le Grand Nouméa, Waej s’envole pour Paris en 1982. Elle y suit des études à l’université de Paris IV – Sorbonne. Là-bas, l’étudiante côtoie des représentants de la Francophonie internationale, via le théâtre Patrice Lumumba, nouant de solides amitiés.
Son "parcours initiatique" passe en 1987 par les USA, et un boulot de serveuse dans un restaurant d’Atlantic City (New Jersey)… Confrontée au racisme, la jeune femme qui appréciait le mélange des cultures, y découvre une conception autre de l’identité, dans un pays où les individus se rattachent à de grands groupes ethniques, jusqu’à compromettre parfois toute possibilité de dialogue. Une maîtrise de lettres modernes obtenue en 1989, elle regagne son archipel. C’est en 1997 qu’elle obtient un poste de professeure de français au collège de Havila et revient ainsi sur Lifou. Elle se consacre désormais à transmettre son amour de la langue française, mettant à profit son ancrage dans la culture Drehu pour mieux servir d’ambassadrice auprès de ses élèves.
C’est presque un combat politique pour moi : que les enfants comprennent et parlent correctement le français ; mais qu’ils comprennent et parlent bien aussi leur langue maternelle. […] On ne croirait pas, mais avec le Cid, le théâtre du 17ème siècle, ça leur parle. Les questions d’honneur, de gloire, de sacrifice les interpellent. Mais quand on étudie des tragédies grecques, la poésie du Moyen-Âge ou le slam contemporain, ça leur parle aussi !
Waej Juni-Génin
Waej trouve aussi du temps pour se consacrer à ses devoirs coutumiers, rattachés à la chefferie d’Inagöj, qui impliquent de donner la main à ses frères et cousins. Dotée d’un caractère bien trempé allié à une forte sensibilité, elle écrit également – passion partagée avec son mari Patrick, médecin à la retraite et co-auteur avec elle du recueil de nouvelles Piment et Papaye.
J’étais très embêtée au départ, parce qu’en utilisant la langue française je me demandais comment parler de moi d’une manière authentique. [...] Mais je me dis : après tout, je peux la plier à mon désir : c’est ça ma force. Et du coup ça sera ma langue, que je tendrai à ma manière…
Waej Juni-Génin