Réfugiés de Maré : des habitants relogés mais déracinés

Quatre semaines après les violences qui ont secoué Maré et précipité le départ de 140 personnes à Nouméa, la vie s'organise pour ces personnes. Elles ont été relogées, notamment à Magenta. C'est le cas des anciens propriétaires du gîte Sedai qui s'habituent tant bien que mal à leur nouvelle vie.
Chaque matin, depuis dix jours, Annaelle rend visite à Suzanne et Jacques Wadehnane. Une baguette de pain, un sourire, quelques paroles, la jeune femme fait ce qu’elle peut pour égayer le quotidien de ses amis expulsés de Maré. Après trois semaines de débrouille, le couple et trois de ses enfants vient d’emménager dans un logement social des Tours de Magenta.
« On est bien dedans parce que comme on est partis de là-haut, on n’a plus rien… » confie Jacques Wadehnane. 
Suzanne et Jacques Wadehnane avec une amie dans leur logements aux Tours de Magenta
 

Un élan de solidarité  

Hormis quelques vêtements et objets sauvés des flammes, la famille n’a plus rien. Le frigidaire et le lave-linge ont été offerts par des proches, les matelas, la vaisselle, les vivres, par la Croix Rouge et des anonymes, la table et les chaises par la mairie de Maré. Un élan de solidarité qui adoucit un peu le traumatisme de la perte.
« De Maré jusqu’à la Grande Terre, jusqu’à Montravel, toutes les régions sont venues nous aider. On était contents, ils sont tous là. On a des amis aussi qui viennent nous remonter le moral » explique Jacques Wadehnane. 
 

Un changement radical de cadre de vie

Mais pas facile de garder le moral quand on passe d’un cadre de vie idyllique aux Loyauté à une barre d’immeubles à Nouméa. 
« Je ne peux pas supporter la ville. Généralement, quand on vient passer une visite médicale au Médipôle, le lendemain, on repart. On n’est pas habitués à rester dans un immeuble, on est habitués à aller aux champs » explique Suzanne Wadehnane.
Leur souhait le plus cher : avoir un bout de terre à cultiver pour eux et d’autres familles expulsées relogées dans les tours ; Jacques vient d’entreprendre des démarches dans ce sens.  Et que les auteurs des violences à Maré soient jugés.
« On attend que la justice fasse son travail, parce que quand même, brûler des maisons, c’est quand même des crimes » rajoute Jacques. 
Le regard s’embue et la voix s’étrangle quand Jacques se rappelle ce qu’il a perdu. 
« On n’est pas habitué à des maisons comme ça. Nous, c’est la case. Tous les matins, j’étais habitué à donner vers 6 h 30 à manger au Napoléon. Et ça…. »  
Le reportage de Caroline Antic-Martin et Laurent Corsi 

 

Une convention entre la SIC et la province des Îles 

Une convention de partenariat a été signée le vendredi 27 novembre entre la province des îles Loyauté et la SIC pour le relogement des personnes évacuées de Maré. 
Il s’agit de trouver des solutions provisoires pour permettre à ces familles d’être en sécurité et d’avoir rapidement un toit dans l’attente de l’évolution de leur situation. 
Le loyer de trente-neuf familles évacuées sera pris en charge jusqu'au 31 mars par la province. Un nouveau point sera fait sur leur situation après cette date. La SIC de son côté a offert les logements jusqu’au 1er décembre.