Une délégation japonaise à Ouvéa, rien d’inhabituel. Mais cette fois, ce n’est pas pour le tourisme, qu’elle est là. Un maître-chocolatier est venu voir sur place les conditions de production d’une vanille givrée, réputée pour être parmi les meilleures du monde.
"Ça fait 17 ans que je travaille sur mon protocole de transformation pour arriver à cette qualité-là. Il y a une grosse demande mais une quantité produite qui n’est pas suffisante", explique Julien Pascal, producteur transformateur. "Maintenant, il suffit d’un peu d’huile de coude et que chacun se retrousse les manches pour pouvoir planter plus, pour demain pouvoir contenter tous les clients à l’international."
Des conditions idéales
Kazuumi Matsumuro s’est fait une réputation sur la qualité de ses produits et sur une philosophie : rencontrer les producteurs, voir leurs conditions de travail, évaluer leur sérieux. À Mouli, il découvre une technique permettant à la vanille de grandir dans les meilleures conditions possibles.
"Là, on valorise des sols qui sont ingrats, on valorise aussi tous les déchets du coco. Et lorsque c’est bien mené, on arrive à avoir une végétation excellente, une belle vigueur, et on arrive à produire des gousses pour faire une des meilleures vanilles au monde" commente Julien Pascal.
" On me présente beaucoup de vanilles à travers le monde. Des plants sous serre, ce n’est pas naturel, ce ne sont pas de belles vanilles. Je viens ici, je vois des arbres magnifiques, ils utilisent les déchets de coco, je trouve cette façon de faire géniale", s’enthousiasme Kazuumi Matsumuro. "Je veux créer de belles choses avec ces gousses pour promouvoir la vanille calédonienne à travers le monde."
Une filière de qualité à développer
Le Japon aujourd’hui, les États-Unis il y a quelques jours, et un marché à l‘export qui comprend aussi Singapour et Dubaï. Il faut davantage de tonnage. À Ouvéa, de plus en plus de monde s’embarque dans le projet.
"Ça démontre que nous avons une filière de qualité avec des produits de qualité. Et je pense que la vanille d’Ouvéa a un bon avenir devant elle" souligne Ambroise Dumaï, grand chef du district de Mouli, et également producteur de vanille.
" Je crois à la vanille parce qu’ici à Ouvéa, nous avons toute la matière première pour faire pousser la vanille, et en plus c’est gratuit. Il n’y a pas besoin d’aller loin, tout est naturel, donc nous avons tout ce qu’il faut pour faire pousser la vanille", poursuit cette autre productrice, Nicoleta Omniwack.
Tout cela sous l’œil attentif du maire d’Ouvéa. Pour Maurice Tillewa, le développement de la filière devra passer par une plus grande sensibilisation auprès des administrés : "La vanille, c’est une filière qu’on pourrait développer davantage. Il faut qu'on fasse un travail de fond, un travail de communication pour encourager les gens des îles, surtout chez nous parce que nous avons tous les atouts."
Après une année difficile faute de floraison, les producteurs de cette vanille givrée de très haute qualité espèrent mettre sur le marché de l’export près de 4 tonnes de ces gousses si recherchées.
Le reportage de Maurice Violton et Gaël Detcheverry