Municipales : les enjeux à Ouvéa

Si quelques tribus sont désormais raccordées au réseau d'eau potable, beaucoup d'habitants d’Ouvéa sont encore tributaires des citernes et des cuves pour leur approvisionnement en eau. D'autres problèmes freinent le développement de l'île, par exemple, le déclin de la filière coprah.

De plus en plus de raccordements au réseau d’eau

Rincer ses palmes en revenant de la plage, un geste à priori anodin pour la plupart d’entre nous, mais pas pour les habitants d’Ouvéa. Cet hôtel situé au centre de l’île n’est raccordé au réseau d’eau que depuis mai 2019.
« On n’a plus besoin de se soucier de la commande de livraison d’eau avec les camions, et ça évite les pannes en plein week-end » commente Sissi Takitoa, réceptionniste du Beaupré.
L’eau provient toujours de l’une des trois unités de dessalement, mais elle passe désormais par des tuyaux sous-terrains. En deux ans, deux cents foyers ont été raccordés à Wadrilla, Nimaha, Ouassadieu et Banoutr.
Jacques Douceron n’a pas eu cette chance. Sa maison est située à l’intérieur des terres, à deux kilomètres de la dernière borne de raccordement.
 

Une cuve, un puits, et un groupe électrogène

Ni eau courante, ni électricité, cet habitant de Banoutr continue de vivre à l’ancienne. Seule nouveauté, une cuve de 5000 litres installée par la commune il y a trois ans.
« Avant, je faisais des cabas avec des pochons de plein de [bouteilles d’eau]. On allait à la maison familiale au bord de mer et on chargeait tout ça » explique Jacques Douceron. « On a fait ça pendant un an facile ».
L’eau de la cuve est livrée par camion-citerne, elle sert uniquement pour boire et préparer les repas. Pour la vaisselle, le linge et le jardin, Jacques a de la chance, il possède un puits sur son terrain. Il tire l’eau grâce à un surpresseur, mais pour cela, il doit d’abord démarrer son groupe électrogène. 
Cette famille dépense 25 000 francs par mois en gazole, elle a hâte d’être équipée en panneaux solaires et si possible, raccordée au réseau d’eau.
« Il faut croiser les doigts, il faut y croire » confie Jacques. « Et puis on compte sur nos hiérarchiques au-dessus. Si la population les met là-haut, c’est pour aider la population, donc on compte beaucoup, beaucoup sur eux ».
 

Le coprah en crise

Serge Nemia aussi compte sur les élus pour soutenir les producteurs de coprah. La production est passée de 1200 tonnes par an dans les années 1970 à moins de 300 tonnes aujourd’hui.
« C’est le problème de finances. Ils n’ont pas les moyens pour renouveler les turbines, tout ce qui est cheminées. C’est pas la province, les gens qui travaillent au-dessus qui vont faire tourner, c’est les producteurs qui vont faire tourner l’usine » explique Serge, producteur et acheteur de coprah. 

Souci supplémentaire, la cocoteraie est vieille donc peu productive. Il faudrait donc la régénérer. L’association Arbofruits teste des méthodes pour empêcher le bétail de brouter les jeunes pousses.
« On a laissé en brousse tout un endroit, puis on a replanté à l’intérieur. On évite de rentrer dans cet endroit pour éviter de faire le passage du bétail » explique Kuin Wetewea, technicien Arbofruits. 

L’huilerie d’Ouvéa achète la totalité de la production : 30% est destinée à la savonnerie, 60 % à l’unité de production électrique Enercal et 10% aux parfumeries de Nouméa. Actuellement, l’usine fonctionne à 10% de ses capacités. Pour faire plus, il faut soutenir les producteurs.
« Il faut plus apporter un appui logistique pour l’ouverture par exemple des parcelles, être au plus près des producteurs, implanter des nouveaux fours à air chaud » réagit Sylvère Ouckewen, responsable de production à l’ huilerie d’Ouvéa. 
Le cocotier est-il l’avenir d’Ouvéa ? Peut-être. L’an dernier, la CPS a lancé le projet PROTEGE qui encourage la production d’huile vierge de coco. La cocoteraie d’Ouvéa représente 2500 hectares soit un quart de la superficie de l’île.
Le reportage de Caroline Antic-Martin et Michel Bouilliez 

 

La carte d’identité d’Ouvéa