Des touristes étrangers attaqués et volés près de Beautemps-Beaupré ? L'affaire, qui date du 24 juin 2019, du côté d'Ouvéa, a causé beaucoup d'émoi. Elle a été jugée ce vendredi 6 août, au tribunal correctionnel de Nouméa. Trois prévenus sur dix étaient présents à la barre, tandis que trois des six victimes assistaient à l'audience.
Les habitants mis en cause ont été reconnus coupables d'avoir agressé avec des armes à feu les visiteurs, qui se trouvaient en excursion dans le cadre de leur croisière de luxe, et leurs accompagnateurs. Les peines prononcées vont de cinq mois de prison avec sursis, à trois années de prison dont un an ferme.
Ils sont allés bien au-delà des réquisitions demandées par le procureur de la République, des emprisonnements fermes ont été ordonnés. C'est une décision satisfaisante et qui prend en compte le préjudice subi.
"Non-respect de la parole donnée"
En cause, selon la défense, le non-respect de la parole donnée lors d'une coutume réalisée quelques jours auparavant. Il avait été alors interdit aux touristes de pêcher au fusil les poissons de cette réserve de Beautemps-Beaupré, inscrite au patrimoine mondial de l'Unesco. Un lieu considéré comme tabou par les populations locales.
Si les trois prévenus présents se sont excusés pour la méthode employée, celle de la violence, ils assument la cause qu'ils défendaient : la protection du lagon et la légitimité coutumière.
Le tribunal a bien compris qu'on n'était pas face à des pirates. Qu'on était face à des gens qui ont voulu faire respecter la préservation de la coutume mais également l'environnement. Ce sont des décisions adaptées à la situation.
Autorisés à pêcher ? C'est toute l'ambiguïté
Du côté de la partie civile, on parlera de tentative de légitimer les actions des agresseurs dans un contexte de règles coutumières très opaques. C'est ce qui ressort de ce dossier : l'ambigüité des termes de l'accord passé entre les coutumiers et les victimes. Ce qui aurait conduit les visiteurs à continuer leur coup de chasse dans les eaux de Beautemps-Beaupré. Sans volonté, selon eux, de manquer de respect à qui que ce soit.
Le procureur de la République avait requis des peines de plus d’un an de prison ferme à l’encontre des principaux auteurs.