Festival des arts mélanésiens : à la rencontre d'Annick et Raquel, deux couturières-teinturières à Poya

Raquel dispose d'une solide expérience dans la couture et la teinture
Le mois prochain, une délégation d'artistes du Caillou se rendra au Vanuatu à l'occasion du Festival des arts mélanésiens. Parmi les participants, Raquel Touyada et Annick Nekiriaï confectionnent des vêtements, de la teinture naturelle à la couture.

Sabre d’abattis à la main, Raquel et Annick partent à la recherche de leurs matières premières dans une mangrove de Népou, à Poya. Les deux femmes travaillent ensemble depuis le début de l'année. Elle viennent prélever de l'écorce de palétuvier, qui servira à la teinture de leurs tissus.

"Il faut bien vérifier que c'est un vieux pied. Les jeunes, on les laisse", explique Raquel, qui une fois le pied trouvé, doit ensuite assurer la précision de son geste. "On s'arrête lorsqu'on arrive à la partie blanche du bois", précise-t-elle.

Car ce qui va donner la couleur recherchée, ce sont avant tout les morceaux aux nuances d'ocre. "Quand c'est bien foncé, un peu rouge, on sait que ça va donner une bonne couleur", indique Raquel.

La taille de l'écorce est nécessaire pour préparer la teinture.

La transmission du savoir 

Ce savoir-faire, Raquel l’a pris de son cousin couturier. Une fois rompue à l'exercice, elle a initié à son tour Annick à la teinture naturelle. "C'est de la transmission. Depuis que je couds, j'ai essayé de faire de la teinture bio pour voir le résultat que ça donne", raconte Raquel.

Une fois les prélèvements réalisés dans la mangrove, c'est à l'atelier que la magie opère. Les écorces sont plongées dans des marmites avec le tissu qui servira à la confection de robes mission. Après 20 minutes à ébullition, la couleur est imbibée.

"Travailler les couleurs, c'est dur. Il faut toujours faire des échantillons puis rincer pour voir si la couleur reste ou non", conseille Annick. Sensibilisée à la teinture bio depuis le début de l'année, Annick s’est pris d'une véritable passion. Aujourd'hui, elle sait valoriser plus d'une dizaine de matières premières. "Cela me rend fière, c'est quelque chose d'utile et ça nous fait beaucoup économiser aussi", sourit-elle. 

Avec un tissu blanc, un bâton et une marmite, Annick teste l'efficacité de sa teinture.

Des échanges enthousiasmants

À partir de plusieurs bandes, Raquel doit confectionner une cinquantaine d'articles. Des robes, des tuniques, des créations qu'elle présentera en juillet prochain au Festival des arts mélanésiens au Vanuatu. À 46 ans, celle qui a appris la couture en regardant sa maman est fière de partager à son tour son savoir-faire.

"Là-bas, je vais rencontrer des mamans couturières qui font le même travail que moi. Partir au Vanuatu pour cet échange, c'est super", s'enthousiame Raquel. La semaine prochaine, Anncik et elle se retrouveront à Koné, en compagnie de 35 autres artistes de la province Nord, pour une résidence culturelle lors de laquelle tout le monde préparera le voyage à venir.