Commune emblématique de la côte Est, Hienghène dont le nom signifie « pleurer en marchant » abrite 2454 habitants. Heureusement, des opportunités d'emplois existent sur la commune. Rencontre avec des habitants de Hienghène qui s'épanouissent dans leurs métiers et croient au potentiel de leur commune
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Le tourisme à défaut de nickel
Depuis un an, Yannick dirige seul le ranch du Koulnoué Village. Tous les jours, du lundi au dimanche, il descend de la tribu de Tendo, à une trentaine de kilomètres, pour s’occuper de ses six chevaux et emmener les touristes en balade.« Il faut se lever tous les jours de bonne heure, mais du moment que ça te plaît ce que tu fais, après, c’est facile, c’est pas une contrainte » explique Yannick Vaiadimoin.
Formation en Nouvelle-Zélande, en Nouvelle-Calédonie, petits boulots à droite, à gauche, extras au ranch pendant les vacances scolaires et les week-ends, Yannick a patienté vingt ans pour réaliser son rêve professionnel. Pour lui, pas de doute, on peut vivre et travailler à Hienghène à condition de s’en donner les moyens.
« Nous à Hienghène, on n’a pas de nickel, c’est le tourisme. Il suffit que tu trouves ton créneau, et puis tu te lances dedans. Après, tu verras si ça va ou ça va pas, il faut y aller quoi ».
Créer son activité…et de l’emploi
Se lancer, tenter sa chance, créer son activité, c’est précisément le défi que Gabrielle a relevé. Il y a six mois, cette jeune métropolitaine a ouvert cette épicerie au cœur du village, dans un local vide appartenant à la mairie.« Je suis venue à Hienghène pour découvrir le village et puis à la suite de ça, je cherchais du travail. C’est vrai qu’il n’y a pas de travail à Hienghène, du coup, j’ai essayé de créer quelque chose qui n’existait pas » raconte Gabrielle Kulig. « J’ai proposé au maire de faire quelque chose avec ce local, de le rouvrir et de vendre des fruits et légumes tout au long de l’année. Je pense qu’on est tous fatigués de manger du poulet, du riz, des frites et des saucisses ».
Pour l’instant, Gabrielle se fournit principalement auprès des grossistes de Bourail et Nouméa, mais espère à l’avenir travailler davantage avec producteurs de Hienghène.
« J’ai envie d’aller plus loin et de motiver tout le monde à produire leurs fruits et légumes pour que je puisse leur acheter et créer de l’emploi tout simplement ».
Des atouts à mettre en avant
Travailler davantage avec la population, c’est également le souhait du gîte Ka Waboana. Créé en 1998, rénové en 2013, cet écolodge au cœur du village emploie onze personnes dont Pamela. En lien direct avec la clientèle, elle connait bien les attentes des touristes et donc les opportunités d’emplois sur la commune.« On a beaucoup de choses à voir, on a tous nos sites, la poule couveuse bien sûr, le sphinx, on a nos cascades, on a des randonnées, des activités comme les tribus » explique Pamela Yentao, assistante de direction de l’écolodge. « Manger chez l’habitant, c’est quelque chose qui marche bien aussi. Le bougna par exemple, c’est la vie en communauté, avec nous, chez nous, soit ici au Ka Waboana, soit en tribu ».
Un environnement préservé
Pascal, le gérant du gîte est lui aussi convaincu que l’avenir de Hienghène rime avec tourisme vert, à condition toutefois que l’ensemble des services de la commune se mettent au diapason.« On mise beaucoup sur la nature. On trie les déchets, et du coup, il faut vraiment que tout ça ce soit un et qu’on colle vraiment à l’image que l’on revendique et que l’on présente aux gens de l’extérieur. On le fait déjà, mais il faut encore plus. Il faut améliorer l’existant » souligne Pascal Tjibaou.
Cela passe notamment la sécurisation du réseau d’eau potable et la gestion des eaux usées ; deux dossiers épineux pour la mairie de Hienghène.
Le reportage de Caroline Antic-Martin et Gaël Detcheverry.