Meurtre de Houaïlou aux assises : pourquoi l'accusé a-t-il tiré ?

C'est ce mercredi que se joue ce procès pour meurtre.
Le 4 juillet 2021, une altercation entre voisins tourne mal à Houaïlou. La victime décède après avoir reçu un tir par arme à feu dans le dos. Le procès était jugé aux assises, à Nouméa, ce 13 septembre. Au cœur des débats, l'accusé a-t-il fait feu avec l'intention de donner la mort ?

[Mise à jour du soir]

C’est à nouveau un procès pour meurtre qui se déroulait, ce mercredi 13 septembre, devant les assises, à Nouméa. L’accusé, âgé de 23 ans, encourt jusqu’à 30 ans de réclusion criminelle après avoir tiré sur un homme à Houaïlou, le 4 juillet 2021. La victime est décédée. Douze impacts de plomb ont été retrouvés dans son corps. Le médecin légiste, entendu à la barre ce jour, déclare que la mort était inéluctable, la veine cave ayant été perforée.

Déjà condamné 12 fois par la justice (de 2016 à 2022), l’accusé est détenu depuis le 6 juillet 2021 au Camp-Est. Ce mercredi, pour son procès, il s’exprime très difficilement et répond sporadiquement aux questions posées par la présidente de la cour. Le jeune homme avoue consommer du cannabis tous les jours. Il se comporte "comme un mineur, un enfant", commente la présidente. Elle pointe le caractère immature de l’accusé, qui mastique un chewing-gum.

Altercation verbale et physique

Interrogé par la cour, il déclare que la veille du drame, il avait tiré sur la voiture de la victime. Il avait également mis le feu aux abords d’une piste, proche de chez la victime, "pour éclairer" la tribu, selon ses propos. Le lendemain, le 4 juillet 2021, une altercation verbale et physique se produit entre les deux protagonistes. L'accusé, âgé de 21 ans lors des faits, armé d’un fusil de chasse avec des cartouches de calibre 12, tire dans le dos de la victime. Celle-ci est morte peu après.

Intention de donner la mort ?

Dans ce procès pour meurtre, la partie civile est représentée par Maître Jean-Victor Boniface et l’accusé, par Maître Denis Milliard. L'audience se poursuit toute la journée. Les débats portent sur les circonstances du drame et notamment sur une question essentielle : l’accusé a-t-il tiré sur la victime avec l’intention de lui donner la mort ?

Un fusil de chasse avec des cartouches de calibre 12 dont s'est servi l'accusé.

Un comportement "marginal"

Entendue à la barre, la compagne de la victime revient sur la personnalité de son ancien conjoint. " Un homme serviable, qui lui a donné goût à la vie, un homme travailleur qui prenait soin de sa famille et de ses amis ". "Il avait arrêté les bêtises", ajoute-t-elle sans en dire plus. Elle déclare que l'accusé rôdait autour de leur maison, sur leur terrain. Celui-ci "était rejeté par la tribu", avec un comportement "bizarre", dit-elle. De son côté, le ministère public le qualifie de "marginal".

À la barre dan sl'après-midi, le psychiatre, Dr Jean Luc Lehericy revient sur son expertise concernant l’accusé. Ce dernier étant qualifié de "fou malin", avec une attitude "borderline". La présidente de la cour ajoute que les habitants de la tribu le trouvent "bizarre" et le "craignent".

Le psychiatre souligne que, dans cette affaire, l’accusé n’avait pas consommé d’alcool. Il aurait agi "submergé par la colère" soit " une réactivité naturelle sans pathologie". Il est dépeint par le psychiatre et même par son avocat, Me Milliard, comme "un homme qui ne se livre pas".

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Vingt ans de réclusion requis

En fin de journée, place aux plaidoiries et aux réquisitions. Aux yeux de Me Bonifas, partie civile, il y a une raison centrale dans ce drame. Même si l’accusé n’explique pas son geste, pour l’avocat de la famille de la victime, il a commis le pire par jalousie. La victime est un délinquant repenti, il a changé de vie mais cela n’a pas plu à l’accusé, estime-t-il.
Pour le ministère public, la victime "a été abattue comme un chien". L’accusé est rentré chez lui sans émettre le moindre regret. "Une attitude inquiétante" qui "ne doit entraîner aucune indulgence". Son casier judiciaire et ses douze condamnations antérieures montrent que l'homme est violent et dangereux, est-il développé. Il a abattu un homme de sang froid et ne regrette pas son geste, souligne le ministère public. Il requiert vingt ans de réclusion criminelle, assortis d’une période de sûreté de dix ans. 

"Diabolisé"

Me Milliard, avocat de la défense, plaide que le mutisme de son client est inextricable, mais qu'il est diabolisé, dans ce procès. Selon lui, l’accusé n’avait pas l’intention de tuer la victime. Il partait à la chasse lors du drame. Une altercation a éclaté, il a pris son fusil et a tiré. Cela mérite une sanction, poursuit-il, mais pas vingt ans de prison.