Recherche généraliste en urgence à Houaïlou

Réunion en mairie de Houaïlou à propos de la pénurie de médecin
Sans généraliste, la commune de Houaïlou se retrouve aujourd'hui dans une situation de crise. Si des mesures d'urgences ont été mises en place, celles-ci sont loin de répondre aux besoins de la population.

"Je suis asthmatique, j’ai le diabète, de la tension et j’ai fait un AVC", confie Lina Kazoué. À 69 ans, elle cumule les maladies chroniques, et vit à Houaïlou, un désert médical. "Comme je n’ai pas de voiture, je ne peux pas aller jusqu'à Bourail, Ponérihouen ou Poindimié. Ça serait mieux s'il y avait un médecin ici".

Voilà plus d'un an qu'il n'y a plus de médecin au dispensaire et six mois que le docteur en cabinet privé a quitté la commune. Une situation que la population a dénoncé au cours d'une réunion avec la province Nord cette semaine. Séra, septuagénaire, fait 140 km aller-retour pour consulter son médecin à Bourail. "Je fais des dépenses pour aller à Bourail mais ça ne fait rien, c'est pour moi, c'est pour ma santé, c'est pour les enfants aussi. Et j’assiste à cette réunion parce que ça m'intéresse si un médecin vient."

Dans l'assistance, on trouvait une forte délégation de pompiers, fortement impactée par l'absence de médecin. Le sergent Stéphanie Zenkoro est sapeur pompier à Houaïlou : "il y a des interventions où on ne peut pas faire autrement : on a besoin d'un médecin, on a besoin de l'accord du médecin, on a besoin des gestes que le médecin peut faire et nous pas."

La moitié des postes de médecins comblés en province Nord

Seulement 15 des 33 postes de praticiens sont pourvus en province Nord. "On a demandé à ce qu'il y ait une meilleure ventilation des ressources humaines, explique Pascal Sawa, le maire de Houaïlou. Et notamment des docteurs sur l'ensemble des dispensaires. Parce qu'il y a des dispensaires où il n’y a personne, et d’autres où il y a deux ou trois médecins, en plus des docteurs privés."

Pour éviter la rupture de soins, une astreinte est assurée une fois par semaine, et les équipes ont recours à la téléconsultation. Les freins à l’installation de personnel médical sur la commune sont déjà identifiés. "Il y a non seulement la problématique liée à l’insécurité, mais aussi celle de la surcharge de travail, qui fait que ça freine les médecins pour venir dans des grandes communes comme Houaïlou", pour Valentine Eurisouké, 2e vice-présidente de la province Nord en charge de la santé.

La population et les autorités travaillent afin d’améliorer les conditions d'accueil et la durée de séjour des professionnels de santé sur Houaïlou. Un médecin devrait prendre ses fonctions en janvier 2024.

Le reportage de Géraldine Louis :

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