Depuis lundi, le centre culturel Pomémie, à Koné, propose un atelier de chant et de confection d’instruments traditionnels. Une dizaine d’enfants de huit à treize ans participent, avec un enthousiasme débordant.
Cédrick Wakahugnème, avec F.T. •
«Nous avons un battoir. Il est confectionné avec de l’écorce de figuier.» Le regard fixé sur son jepä, instrument de percussion en langue paicî, Chabi se délecte à expliquer étape par étape sa confection. Le garçon prend même plaisir à l’admirer sous tous les angles et se félicite de son travail. «On chauffe l’écorce du figuier au feu pour que l’on puisse le plier. Ensuite, on le remplit de niaouli. On le referme et on l’attache avec des lianes de banian», poursuit le jeune homme.
Le jepä accompagne le ae ae
Ils sont une dizaine d’enfants à participer à cet atelier de chant et de confection d’instruments de musique traditionnels, mis en place par le centre culturel Pomémie. Autour de la table, les petites mains s’activent. Les gestes sont minutieux. Un sourire apparaît parfois au coin des lèvres. Le temps est venu d’essayer son instrument.
«Harmonieux»
Premier test près de la scène, afin d’obtenir une meilleure caisse de résonnance. Maxence est satisfait: «En tapant régulièrement sur les percussions, on émet des sons. Et quand on est à plusieurs, on augmente la cadence. C’est harmonieux.» Le rythme dans la peau, les enfants fredonnent quelques mots et se prennent même à chanter et à crier.
Partage des cultures
L'atelier a vocation à promouvoir la culture kanak. La confection d’instruments traditionnels fait partie de cet objectif: permettre à la tradition et aux gestes d’antan de perdurer. Une transmission qui doit avoir lieu dès le plus jeune âge, et qui doit aussi s’ouvrir à l’ensemble des communautés avec l’idée de partage. «C’est important, de transmettre», insiste Marie-Andrée Meandu-Poveu, artiste-musicienne. «Je pense que si, aujourd’hui, nos jeunes sont perdus, c’est parce que nous n’avons fait ce travail de transmission de notre culture et de nos traditions, assure-t-elle. Nous estimons qu’il faut aussi partager ce savoir-faire afin que les autres connaissent et participent. La base reste la culture kanak, mais on intégrant les autres cultures aussi.»
Un spectacle entièrement imaginé
En fin de semaine, les enfants exposeront le fruit de leur travail à leurs parents. La présentation des objets sera accompagnée d’explications résumées, afin de permettre aux visiteurs de mieux les découvrir. Les vacanciers prévoient notamment un spectacle tout en musique et en chant, à l’ombre du banian. Ce spectacle imaginé relate le récit d’un capitaine à la découverte de l’esprit de la musique. En attendant cet instant magique, ils devront s’entraîner dur, pour garder la rythmique.