La délicate revégétalisation des massifs miniers, réservoirs d'espèces rares menacées

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Si la Nouvelle-Calédonie détient le record mondial de micro-endémisme, certaines plantes poussent uniquement sur les massifs miniers. Pour les sauvegarder, les industriels font appel à des pépinières spécialisées. Reportage à Tiébaghi.

Bertrand Ziegler est un spécialiste de la revégétalisation de sites miniers. Dans cette pépinière située à Pouembout, il cultive des plantes classiques, mais surtout des espèces rares et menacées. Sa mission du jour : préparer la nouvelle campagne de plantation sur la mine de Tiébaghi. "On a trois zones différentes à planter, et en fonction des écosystèmes présents on a sélectionné certaines espèces qui correspondent à chaque zone", explique Bertrand Ziegler, directeur d'exploitation.

Ce n’est pas une mince affaire. L’équipe doit réintroduire 1500 plants en sept jours, dont plusieurs espèces rares et menacées. "Beaucoup sont micro-endémiques des massifs miniers, donc leur sauvegarde est un véritable enjeu en termes de biodiversité."

Conserver la biodiversité du massif

La suite se passe sur le versant est de la mine de Tiébaghi. Avant d’arriver sur site, Bertrand a préparé des plaquettes de cinquante plants. Le plus dur reste à faire : mettre en terre. L’accès au site n’est pas simple et pour cause, cette parcelle est située dans le Conservatoire du Vieux Village. En d’autres termes, elle n’a jamais été et ne sera jamais défrichée pour l’exploitation minière. C’est donc à la fois une zone de collecte et de plantation. "Ces plantes réintroduites sont des espèces très rares et menacées qui ne repoussent pas naturellement, confirme Jérôme Payet, technicien environnement à la SLN. Ils viennent faire des récoltes de graines, des boutures."

L'objectif final c'est de conserver la biodiversité du massif. Pour pouvoir exploiter, on enlève beaucoup de végétation. Il y a des espèces sensibles, et il faut les sauvegarder à tout prix.

Jérôme Payet, technicien environnement à la SLN
Les plants sont tous identifiés : origine, lieu et date de plantation.

Et pour cela, les jeunes pousses sont suivies de près grâce à des relevés GPS et des étiquettes métalliques. Elles indiquent l’origine du plant, le lieu et la date de plantation. "Après on pourra analyser les résultats pour savoir quel lot a le mieux fonctionné, quelle espèce, dans quel endroit, précise Bertrand Ziegler. Et ce en vue d'essayer d'améliorer les techniques de plantation, afin de maximiser l'efficacité et la survie des plants."

Chaque année, 5 à 6000 plants d’une vingtaine d’espèces sont réintroduits sur les sites miniers de Poum, Kopéto et Tiébaghi.