Une dette qui dépasse les cinq milliards de francs, des factures qui s’accumulent et le risque de fermer des services. La situation très délicate dans laquelle se trouve le Centre hospitalier Nord a valu à sa direction un peu plus d’une heure d’audition. Elle a eu lieu à huis clos ce mercredi matin, en visioconférence avec la commission santé et protection sociale du Congrès. Laquelle doit désormais en tirer les conclusions.
"Pas plus d'avancées"
L'établissement public comprend le pôle sanitaire de Koné, l'hôpital de Koumac et celui de Poindimié. Et ses responsables évoquent toujours l’arrêt, à la fin du mois, de certaines prestations médicales, comme les consultations externes ou encore les chimiothérapies. "Il n’y a pas plus d’avancées par rapport à la situation", décrivait le directeur du CHN, Joachim Tutugoro, après cette audition. "A partir du 1er septembre, toutes les activités hors dotation, c’est-à-dire les activités qui ne sont pas payées, nous ne les ferons pas. Non seulement elles ne nous rapportent pas, mais en plus, nous devons engager les frais auprès des fournisseurs."
Besoin de liquidités
Il est pour lui indispensable que des financements soient débloqués pour les quatre prochains mois. "A partir de septembre, jusqu'à la fin de l'année, précise Joachim Tutugoro. Au moins qu'on puisse avoir de la liquidité supplémentaire pour simplement assurer l'encours des quatre mois qui nous restent et après, à charge pour nous, avec les autorités et les instances, de travailler sur le long terme et les vraie problématiques qui concernent l'établissement."
L'espoir "que les choses se décantent"
Présidente de la commission santé au Congrès, Ithupane Tieoue se veut optimiste. "Nous, nous espérons que d’ici le mois de septembre, les choses se décantent, déclare l'élue Uni, parce que le gouvernement est dessus le dossier, pour la prise en charge des dettes envers les fournisseurs. On ne les paie pas, donc ils ne peuvent plus fournir des produits médicaux pour les soins. Ça se négocie, de régler déjà l’existant, et puis la dette, on l’étale dans le temps parce qu’on ne peut pas tout régler d’un seul coup."
Appel au soutien de l'Etat
Comme elle, Nicolas Mertzdorf évoque une aide de l’Etat afin de stabiliser la situation de l'hôpital Nord. "Il faut que l'ensemble des acteurs se réunissent pour, chacun, se mobiliser", pose le député de la seconde circonscription, qui a sollicité et participé à cette audition au Congrès. "Il faut obtenir des crédits au niveau du gouvernement pour que la dotation globale au CHN puisse être revalorisée. Mais tout ça ne se fera pas sans un soutien de l'Etat."
Le résumé de Natacha Lassauce-Cognard, Cédric Michaut, Brice Bachon, Nathan Poaouteta et Thom Marin
Une politique de la santé mise en cause
Le député Metzdorf a appuyé son propos par un communiqué. "L’audition a montré que l’organisation de la politique de la santé de la province Nord s’avère défaillante, écrit-il, les centres médico-sociaux qui assurent les soins de proximité ont été négligés. La pénurie de médecin dans les CMS ainsi que dans le secteur libéral s’aggrave (…) La province Nord fait aujourd’hui porter sur la structure territoriale, entre-autres, la quasi-totalité des urgences qui ont augmenté au CHN de 108 %."
Et de demander à la collectivité "d'agir très rapidement et d’exercer pleinement sa compétence en lançant une campagne d’attractivité pour les personnels soignants et de développement des centres médico-sociaux". Des problématiques connues, abordées par exemple dans un rapport publié en mai par la Chambre des comptes sur les soins de premiers recours. La province Nord y expliquait que différentes réponses étaient déjà en train d'être apportées.