La Société minière du Sud Pacifique a été placée mardi en procédure de sauvegarde par le tribunal de commerce de Nouméa. Lourdement endettée, la SMSP va devoir apurer ses finances, et trouver le moyen de rembourser ses créances.
"On était au tribunal [de commerce] hier. On a eu le jugement ce matin. C’est actif depuis le début de l’après-midi." Interviewé mardi 18 mai par la chaîne Caledonia, le directeur général de la SMSP, Karl Therby, a confirmé en ces termes que la Société minière du Sud Pacifique avait été placée en procédure de sauvegarde. Une nouvelle détaillée une heure après par voie de communiqué.
Le directeur général de la SMSP, avec l’accord de ses administrateurs, a sollicité et obtenu du tribunal de commerce de Nouméa l’ouverture d’une procédure de sauvegarde de la société.
Geler les dettes et les apurer
Le lancement de cette procédure va permettre de faire deux choses, explique l'entreprise :
- "geler les créances antérieures au jugement d’ouverture de la procédure".
- "mettre à disposition du groupe une période de six mois d’observation (renouvelable une fois) pour établir un plan d’apurement des dettes", qui sera ensuite proposé au tribunal.
Faute d'accord amiable avec les banques
"Loin d’être hâtive, cette décision est le résultat de discussions entamées dès février 2020, lorsque la direction générale du groupe constate que le remboursement des échéances risque d’être compromis à compter de juin 2021", développe la SMSP. "Le directeur général contacte donc à cette époque les banques et ses partenaires habituels pour envisager la restructuration de sa dette."
"Soutien" mais "contraintes légales"
D'après la société minière, aussi bien la Caisse d’épargne Ile de France que la BRED et l’Agence française pour le développement "ont confirmé leur soutien tout au long des discussions". Son actionnaire - la Sofinor - et sa garante - la province Nord, "ont également fait preuve du même soutien". Mais "les contraintes légales qui s’imposent à la collectivité ne sont pas compatibles avec les prérequis des comités de crédit des banques."
Pas une liquidation
D'où le recours à ce dispositif. La sauvegarde, rappelle le directeur général dans ce communiqué, "est une procédure mise à la disposition des entreprises pour les protéger et garantir leur continuité d’exploitation. La SMSP va donc l’utiliser pour avoir le temps nécessaire à la mise en place de son plan de remboursement."
Ce n’est pas la fin de la SMSP, insiste le directeur général. "Il ne faut pas (…) confondre avec une procédure de liquidation. Nous sommes conscients des efforts à réaliser pour le groupe et par ses filiales. Le marché est très compétitif et de plus en plus complexe mais nous restons confiants dans l’avenir du groupe et dans tous les salariés de nos filiales."
Et pas les filiales
Les filiales en question (Koniambo nickel, la Nickel mining company ou la SNNC en Corée) ne sont pas sous le coup de cette procédure. Rappelons que la SMSP, acteur majeur de la mine et la métallurgie en Calédonie, contrôle deux usines de classe mondiale. Elle détient en effet une part majoritaire au capital de KNS (usine du Nord) et à celui de la SNNC (Société du nickel de Nouvelle-Calédonie et Corée, qui gère l'usine de Gwangyang).
27,65 milliards de dettes en 2019
Les dettes qu'il est question d'épurer représentaient en 2019 près de 28 milliards CFP : la SMSP avait alors 22,25 milliards d'emprunts et dettes financières auprès des établissements bancaires. Et 5,4 milliards avancés par la Sofinor, dont l'actionnaire principal est la province Nord.
Le reportage de Sheïma Riahi et Nicolas Fasquel :