Municipales : les enjeux à Ponérihouen

En Province Nord, Ponérihouen est résolument tournée vers l'agriculture et s'est ouvert au tourisme vert. L'accueil et le dynamisme de la commune sont reconnus, tout comme l'accueil réservé aux visiteurs. L'enjeu est de taille, il s'agit de retenir les jeunes au pays, grâce à la formation. 

Dynamiser l'agriculture


Sur ces terrains que son clan cultive depuis la réforme foncière, à Mou, au Sud du village de Ponérihouen, Kaloye Meray en utilise à peine un hectare pour ses quelques 4500 plants d’ignames. S’il espère en récolter entre quatre tonnes et le double, la production est en baisse. À 71 ans, ce retraité du service de l’agriculture utilise la fragmentation pour multiplier les plants et montrer ainsi qu’il est possible d’en vivre. Son carburant : la passion.

« Là je vais diminuer comme je suis vieux. Maintenant j’ai prouvé qu’avec toutes les surfaces que j’ai fait avant, j’ai montré qu’on peut vivre de l’agriculture comme du nickel mais le problème qui va se poser, ce sont les surfaces. On ne peut pas rester dans une seule surface, il faut que l’on soit en rotation deux, trois, quatre ou cinq ans » explique-t-il. 
 
Il y a deux ans, un incendie a touché la moitié du verger familial de letchis, qui fournit jusqu’à 15 tonnes les meilleures années et qui attire les voleurs. Habitant à la tribu, Kaloï participe aux travaux collectifs, aux deuils et aux mariages. Cette semaine, sa famille assure la préparation des repas pour un séminaire de formation étudiants-pasteurs protestants ; l’autre volet de l’activité du retraité. « Ce sont des responsables aussi bien coutumiers que de l’église donc ce sont les fondamentaux de la vie que nous vivons. C’est comme l’agriculture, c’est une passion, il faut vivre avec les uns, il faut les aider, on partage. C’est pour le bien de notre pays et de la région » confie-t-il. 
 

Tourisme vert


Sur le bout de littoral, entre les vallées de Nembaï et de Tchemba, se trouve le camping de Tiakan, attenant à la tribu éponyme, exploité depuis 28 ans par la famille Blanchet. Avec 8000 personnes accueillies l’an dernier pour huit salariés dont deux à mi-temps, le gérant partage son temps avec l’activité BTP. Le personne d’accueil et d’entretien vient de la région ; le tourisme vert de préférence, est l’alternative à l’agriculture dans une région où l’emploi salarié se concentre dans les services. Côté camping, Tiakan est devenu la référence sur la côte océanienne.
« C’est très propre, bien tenu, tout est confortable, on s’y sent vraiment très très bien. C’est paisible tout est à côté, même si on peut faire 1h-1h30 de route mais c’est accessible et ensuite on peut naviguer sur toute la côte Est facilement donc ça c’est vraiment agréable aussi » confie Lauréne Mallier, touriste.


Le travail des jeunes


À moins de deux kilomètres du camping, Nicolas a fait de la sculpture, une activité lucrative. À coup de mailles et de ciseaux, il redonne vie aux troncs de cocotiers morts. Il s’est fixé une règle : celle de ne pas toucher au bois vivant. À 25 ans, le jeune homme qui a arrêté ses études au collège, a choisi de vivre au pays et il est l’un des seuls sur la côte à proposer les chambranles réalisés avec son père, en bord de route. Il a choisi de disposer de son temps et de son destin. « Je fais de la sculpture, je vais au champ, à la chasse, à la pêche, je fais le travail à la tribu pour les mariages et les deuils » explique Nicolas Menrempon, sculpteur.
 
Face à un littoral qui recule, Ponérihouen doit se réinventer et sa population du bord de mer, se préparer à migrer vers les hauteurs. Devant ce nouveau défi, les habitants opposent une solidarité rare, qui puise dans le souci de l’intérêt collectif, des idées pour avancer.

Le reportage de Gilbert Assawa et David Sigal.
©nouvellecaledonie


La carte d'identité de Ponérihouen

©nouvellecaledonie