Municipales : les enjeux à Pouembout

Au village de Pouembout, image d'illustration.
Quelles sont les défis qui se posent à cette commune rurale ? Situé dans la zone VKP,  Pouembout, si elle a profité de l'installation de l'usine du Nord, tire aussi sa ressource de ses pâturages. Des conditions pour donner de l'emploi aux jeunes générations.
Au village de Pouembout, on connaît bien Jérémy Poadja et les jeunes qui l’accompagnent dans l’association Wakê Dopwa Pwêbuu. La structure a été créée au début des travaux de construction de l’usine de Vavouto pour aider à la recherche d’un emploi. 
 

S’occuper de la jeunesse

« J’ai fait mon service militaire, j’ai appris beaucoup de choses, le respect, la discipline… Les jeunes d’aujourd’hui n’ont plus tout ça. Il faut bien quelqu’un qui s’occupe un peu de notre jeunesse » explique Jérémy Poadja. « On parle beaucoup de la délinquance, mais qui prend le temps de s’asseoir un peu avec la jeunesse ? Il faut prendre ce temps ».
A cinquante ans, Jérémy est aussi le chef de Paouta, l’une des deux tribus de Pouembout. Dans sa jeunesse, il a été parfois bagarreur à la sortie des bals, aujourd’hui, c’est avec fermeté qu’il est intervenu l’an dernier pour calmer un conflit au lycée Michel Rocard. Un engagement apprécié entre Kopéto et Koniambo. 
L’association Wakê Dopwa Pwêbuu a aussi pour objectif de faire passer le permis de conduire aux jeunes. 
« Qu’ils soient blancs, bleus, noirs, rouges, javanais ou autres, l’association c’est l’emploi. C’est pour vous accompagner dans le travail » Le but de Jérémy Poadja c’est qu’ils aient le permis pour déjà leur donner une porte d’ouverture vers le monde du travail.
« Moi je suis content de voir un jeune qui passe devant moi avec sa voiture en règle, la voiture de son père. C’est ma récompense en fait ».
 

Une terre agricole

Au fond de la plaine de Pouembout, Roger Avril cultive amoureusement l’igname à flanc de colline. Retraité, spécialiste en aménagement hydraulique agricole, il continue de suivre des employés municipaux dans le cadre du compagnonnage. De ses déplacements, il rapporte des plants. 
« Pour moi, c’est quelque chose d’important, parce que j’utilise ça un peu comme un bâton de parole, notamment quand je vais dans le milieu kanak, j’amène toujours un petit cadeau et tout de suite, les échanges sont dans la vérité. On parle vrai quand on parle avec un igname. Et j’aime bien ça » explique l’agriculteur.
 

Le problème de la ressource en eau

Collectionneur d’ignames et hydraulicien, ce touche-à-tout élève aussi des Bramousins et Sénépols. Et pour leur donner à boire, il fait réaliser un forage. Parce que l’eau à Pouembout conditionne tout, la vie des hommes et l’activité agricole. 
« Il y a un potentiel dont on ne parle pas suffisamment, un potentiel sur terres privées, mais un gros potentiel sur terres coutumières, donc ça, c’est le vrai enjeu aussi du développement futur. C’est le développement des terres coutumières. Et pour développer, il faut de l’eau » poursuit Roger Avril. « Là, déjà, on a atteint nos limites, on a été été interdits de pomper l’année dernière. Les agriculteurs, beaucoup de gens ont eu du mal par rapport à ça, et ont perdu des cultures parce qu’ils n’ont pas pu arroser ».

Entre les massifs Kopéto et Koniambo, l’agglomération Pouembout-Koné s’étend sur les pâturages. Parmi les enjeux, il faut donner à boire aux hommes, aux cultures et aux bêtes, mais aussi créer des emplois pour les jeunes. Un défi permanent. 
Le reportage de Gilbert Assawa, David Sigal et Mathieu Niewenglowski 

 

La carte d’identité de Pouembout