Florence Prime, femme de gendarme, est arrivée en Calédonie il y a un an et demi. Poum (Pum, en langue) est devenu son nouveau cadre de vie. La petite commune isolée, nichée à l’extrême Nord de la Grande terre, comptait environ 1 400 habitants au recensement de 2019. Dès son arrivée, la nouvelle venue est venue à la rencontre de la fédération des femmes locale. La connexion s’est avérée un succès.
J’ai eu l’agréable surprise de connaître ces mamans, ces mamies, avec qui je m’entends bien. Il y a vraiment une amitié qui s’est créée, un esprit de confiance et de bienveillance.
Florence Prime, femme de gendarme à Poum
Il n’y a plus cette cassure d’il y a trente, quarante ans. On ne fait plus de différence entre les femmes des autres ethnies et nous. On est des femmes. Donc si on peut se retrouver…
Lina Porou, présidente de Yageli malep, fédération des femmes de Poum
Côté emploi
Comptable de métier, Florence ne parvient pas à trouver un emploi, pas d'opportunité ou trop loin. Elle décide de mettre ses compétences au service de l’association et forme une jeune membre à la gestion de la maison de la femme, inaugurée l’année dernière.
J’ai eu un bac professionnel secrétariat comptabilité et le fait de travailler avec Florence, ça m’apporte un plus dans mon expérience.
Guylaine Porou, membre de Yageli malep
Bon accueil scolaire
C’est à aider ces femmes que Florence occupe ses journées, pendant que son mari est au travail et que ses fils vont à l'école. Pour elle, l’intégration de sa famille est indispensable au bon déroulement de ce séjour de trois ans. “Les garçons ont été très bien accueillis dans leurs écoles.” Le plus grand est devenu “le premier Métropolitain de l’histoire du collège” de Poum. Le plus jeune “s’est très bien intégré, il joue avec tout le monde dans la cour. C’est rassurant pour nous, pour notre vie ici.”
Internat de Hienghène
Sur l'autre côte de la Nouvelle-Calédonie, Hienghène, ou Hyehen en langue. Céline est arrivée avec son mari gendarme en juillet 2021. Il y a un mois, elle décroche un emploi d’éducatrice spécialisée à l'internat du village. Une aubaine pour cette femme qui a quinze ans d'expérience professionnelle.
Mon métier me manquait beaucoup. J’ai été très contente de trouver un poste à Hienghène. Je voulais vraiment travailler pour la population. C’était des mamans que je connaissais, que j’accompagnais déjà un petit peu.
Céline Lecomte, femme de gendarme
Avant son embauche, elle venait régulièrement au marché du village, échanger quelques mots. “Les gens sont très accueillants, ici. Tout le monde se parle. Il y a un échange très facile.”
Elle va va toujours venir et parler à nous, partager un peu. Et nous, on partage avec elle.
Laurence Bouaneohotte, membre du marché de Hienghène
Elle est toujours avec nous. J’aime bien. J’aime bien son comportement avec nous. On apprécie beaucoup. Si elle part, ça va nous manquer.
Marie-Claude Bernol, autre membre du marché
Grande famille
Journée sportive, événement dans la commune ou en tribu… cette famille se voit invitée partout. Des souvenirs inoubliables s'accumulent. Pour son mari, le plus touchant est d'être accepté. “La commune devient presque l’ensemble de la famille, observe l’adjudant Adrien Lecomte, affecté à la brigade de Hienghène. Il y a des enfants qui vont m’appeler ‘Tonton’. Les enfants, ça va être pareil avec les mamans du marché qui vont se comporter comme avec leurs propres enfants, et ainsi de suite.”
Jusqu'à ce que le manque de leur propre famille se fasse ressentir, ces expatriés demanderont à prolonger le séjour. Il peut s'étendre jusqu'à sept ans. Chaque année, en moyenne cinquante familles de gendarme se relaient dans les 29 brigades territoriales.