La SLN ferme son site de Poum temporairement

L'industriel vient d’annoncer la fermeture de son site minier à Poum. Cette décision provisoire concerne plus de 300 emplois directs et indirects dans cette commune isolée de l'extrême Nord de la Grande Terre, qui vit essentiellement de l'activité du nickel.

L'activité du centre SLN de Poum va bien être stoppée, provisoirement du moins. L'industriel a annoncé la nouvelle ce jeudi, à la mairie de Poum, qui l'a confirmée ce vendredi 21 avril au matin, à NC La 1ère. 

Aucune date n'a encore été avancée pour cette suspension d'activité. En revanche, la raison invoquée a été expliquée à la mairie : la province Nord n'aurait pas accordé les autorisations nécessaires pour les exploitations du site de manière sereine.

Une explication répétée par la SLN dans un communiqué publié ce vendredi en fin d'après-midi. Selon l'industriel, si une autorisation d'exploiter a été délivrée pour 11 ans en 2014 pour un périmètre donné. Périmètre qui doit être étendu par arrêté pour que l'activité de la mine de Poum puisse continuer. La SLN indique donc qu'"en l’absence d’un arrêté d’autorisation d’exploiter, la direction se conforme au droit et prépare l’éventualité non-souahitée d’une impossibilité d’exploiter ledit centre minier sans l’obtention des autorisations adéquates". L'industriel qui "assure mettre tout en œuvre pour maintenir en activité leur outil de travail dans le respect des réglementations en vigueur".


Des incidents sur l'environnement à répétition

Pour rappel, plusieurs incidents environnementaux se sont produits ces dernières années sur le centre minier de Poum : barge renversée en 2019, fuite d'hydrocarbure en 2021, sondages illégaux en septembre 2022... Et des barges dérivant illégalement en novembre 2022. Ces incidents ont donné lieu à des arrêtés environnementaux de la province. 

Cette fermeture provisoire inquiète à Poum, où plus de trois cents emplois directs et indirects sont menacés. La décision surprend d'autant plus que ce centre minier était au coeur du plan de redressement de la SLN. 


"Un manque de transparence"

La mairie a ainsi fait part de son inquiétude dans un courrier adressé au gouvernement. "Cette annonce laisse craindre, à court terme, la fermeture du site et l'arrêt de l'activité minière de la commune", alerte la maire Henriette Hmae, qui déplore par ailleurs un "manque de transparence"

L'édile en appelle au président Mapou pour "éviter la catastrophe industrielle annoncée". 


Sauver les emplois, le défi aussi des syndicats 

Du côté syndical, on prend la nouvelle avec "prudence". "Le comité d'entreprise extraordinaire qui a eu lieu ce (vendredi) matin annonce certaines mesures, dont peut-être la mise au chômage partiel des salariés à partir du mois de juin", relaie Glen Delathière, du SGTINC.

Mais le représentant du syndicat majoritaire à la SLN s'interroge aussi sur la responsabilité de l'industriel. "La SLN doit être conforme à certaines réglementations. Au niveau syndical, il faut qu'on ait les deux sons de cloche", souligne Glen Delathière. 

Le syndicat a demandé à évoquer ce sujet "avec le directeur général et au plus haut niveau de la société", lors du CCE (comité central d'entreprise) extraoridinaire de la SLN, la semaine prochaine.

"Il faut trouver un terrain d'entente et de conciliation. Et réussir à ne pas perdre les emplois là-hauts", martèle Glen Delathière.

On ne cédera pas à la menace à l'emploi. On se battra comme on l'a fait pour Kouaoua. 

Glen Delathière du SGTINC

Au sujet de sa responsabilité dans l'absence d'arrêté d'autorisation, la direction de la SLN assure dans son communiqué avoir rempli toute ses obligations en la matière. "Ce dossier a fait l’objet de rencontres entre la SLN et la DIMENC d’une part, la Province Nord d’autre part et d’un travail constructif d’actualisation et de compléments sur les dossiers de déclaration quinquennale DQ 2019-23 et d’un porté à connaissance (PAC) de mai 2022". L'industriel dit par ailleurs se tenir "à la disposition des institutions pour apporter tout élément complémentaire et contribuer à la construction d’un schéma d’exploitation partagé du site". 

Inquiétude des politiques

Outre la maire de Poum, Henriette Hmaé, en première ligne dans ce dossier, un autre élu a fait connaître son inquiétude. Dans un communiqué publié peu après celui de la SLN, Nicolas Metzdorf parle de "stupeur" et de "véritable catastrophe économique, sociale et humaine" pour la commune du Nord. Le député de la 2nde circonscription renvoie dos à dos la SLN et la province Nord. La première devant "se montrer irréprochable vis-à-vis de la réglementation industrielle et environnementale" au nom de sa  "crédibilité d’outil pays". Et appelant la seconde à "reprendre un dialogue apaisé avec la direction de la SLN après des mois de tensions liées aux autorisations d’exploitations".