La situation de Renouveau Teasoa pousse le personnel et les sous-traitants à se mobiliser

Les salariés de l'association Renouveau Teasoa, opérateur de l’habitat social en province Nord, feront grève cinq jours pour dénoncer les coupes budgétaires et leurs conséquences. Des entrepreneurs de la côte Est confrontés à la diminution du nombre de chantiers ont eux aussi décidé de réagir.
L’heure est à la mobilisation, au sein de Renouveau Teasoa, l’opérateur de l’habitat social en province Nord. Son personnel a décidé de se mettre en grève toute la semaine pour dénoncer les coupes budgétaires au sein de la structure. Une situation qui menace son fonctionnement, et l’avenir des salariés. 

«Un coup de massue»

En trente-cinq ans, l’association s’est développée et s’est bâtie une réputation. Sa mission: rendre service à la population par le biais de la création de logements. Plus de 4000 maisons sociales ont été réalisées, qui sont réparties sur l’ensemble de la province. Mais l’opérateur, déjà contraint de réduire ses coûts de fonctionnement, doit redoubler d'efforts cette année. «C’est un coup de massue, assène Marc Devillers, le président de Renouveau Teasoa. On nous a dit qu’on allait peut-être nous revoir pour le [budget supplémentaire]. Mais on n’a aucun écrit, aucune promesse qui tienne la route. On nous avait déjà promis 90 millions, on en a eus 28. Est-ce qu’on peut continuer à croire, à espérer?»

Licenciements et fermetures

La survie de l’outil est mise en péril et les conséquences sur son fonctionnement sont multiples. Sans financement, les contrats ne seront pas renouvelés. Le conseil d’administration a même pris la décision de licencier une partie de son personnel, une dizaine de personnes sont concernées. A travers la mobilisation de cette semaine, les salariés de Teasoa veulent aussi pointer du doigt un manque de communication de la part de l’administration provinciale et des élus. A partir du mois de mai, l’association fermera ses agences de Houaïlou et de Koumac. Le siège social, à Touho, pourrait suivre début 2019.

L'appel à la mobilisation de Teasoa


«Coincés»​

Ce n’est pas tout, insiste son président: «Il y a le personnel de Teasoa mais vous avez aussi toutes les petites entreprises, qui se sont bien structurées. Sur la côte Est, 80 entreprises à peu près sont vraiment en stand-by, au ralenti. C’est trois à quatre personnes par entreprise. On se trouve vraiment coincés.» 

«La toiture, elle va attendre»

Les artisans de la côte Est expriment justement leur inquiétude, alors que le nombre de marchés en sous-traitance pour Teasoa diminue. «Il y a une baisse d’activité liée à la baisse de subventions de la province, confirme Aymeric Laharotte, un artisan de Touho qui recrute au fil de ses besoins. Il y a beaucoup moins de chantiers à réaliser. Beaucoup de bénéficiaires attendent, et nous aussi. En ce moment, pour Teasoa, j’ai un chantier sur Congouma. On vient de monter la charpente et la toiture, elle va attendre…»

Rendez-vous ce lundi à Koné

Vendredi, une dizaine d’entre eux se sont réunis à Poindimié et ont décidé de réagir. «On va mener une première action à titre d’information, a expliqué Pierre Nimbayes, entrepreneur de Ponérihouen. On lance un appel à tous les artisans de la province Nord, à partir de Canala et jusqu’à Poum, Belep: on se retrouve lundi à 9 heures dans le parking de Teasoa sur Koné, pour faire le point ensemble et décider des actions à mener dans les prochains jours. » 

Chantiers supendus

Et ceux de ces artisans qui ont des chantiers en cours pour Teasoa devraient les suspendre jusqu’à nouvel ordre. «On se dit que si on continue ces chantiers, on n’aura pas de conducteur de travaux et personne pour nous payer, explique Pierre Nimbayes. On essaie de responsabiliser les gens.» Les travaux reprendront selon l’évolution de la situation. Une rencontre est prévue ce lundi après-midi avec l’exécutif de la Province Nord.