Alban Bensa prépare un ouvrage à partir de documents en cèmuhî

Alban Bensa travaillant à des traductions avec des habitants de Poyes.
L’anthropologue traduit en français des documents sonores et des écrits en langue cèmuhî. Du 5 avril au 6 mai, il a travaillé avec les habitants de Poyes, à Touho, et l’aire Paici-Camuki. Il s’agit d’en sortir un ouvrage qui servira aux plus jeunes.
Dans les bagages d'Alban Bensa, près de 200 textes, et des heures d’enregistrement. Des histoires de clans, des contes, des chants, des conversations des anciens de la tribu de Poyes... Certains récits ont été recueillis par l’anthropologue lui-même. D’autres viennent de Jean-Claude Rivierre, chercheur au CNRS connu pour ses travaux sur les langues kanak.
 

Hommage à Jean-Claude Rivierre

Après le décès de ce linguiste en janvier 2018, sa famille et Alban Bensa, ont souhaité rendre ses archives à l’aire Paici-Camuki. Mais aussi publier un ouvrage à partir des documents. Une manière d’honorer la mémoire de Jean-Claude Rivierre et de valoriser son travail. Auteur de nombreux livres, il avait beaucoup séjourné dans les tribus entre 1965 et 1975, notamment à Poyes, et il enregistrait des anciens.
 

«Des choses que je ne connaissais pas»

Un héritage riche et complexe, selon Alban Bensa. «Il y a la toponymie, les différentes versions de ces histoires, des chants, des poésies, des éléments de biographie..., décrit-il. Et puis il y a des choses que je ne connaissais pas, que je trouve dans les archives de Jean-Claude Rivierre.»
 

Ecoute et traduction

Arrivé le 5 avril, l’anthropologue a travaillé avec les clans de la tribu concernés par certains écrits. Un travail d’écoute des documents sonores, de vérification des transcriptions en cèmuhî, et de traduction en français des histoires racontées en langue.
 

Tous les clans concernés

Pour les habitants de la tribu, c'est une démarche utile aux jeunes générations. «Ce sont des histoires qui concernent tous les clans qui sont venus ici, à Poyes», souligne Pascal Bouillant, le grand chef du district de Poyes. «Même des gens qui sont venus de l'autre côte pour la guerre de 1917.»
 

Le triple chantier de la transmission

C’est un chantier engagé par l’aire Paici-Cèmuhî depuis quelques années, notamment pour la transmission aux plus jeunes. Un chantier décliné sur 3 axes. «Premier axe, c'est de perpétuer le devoir de mémoire», énumère Richard Poarairiwa, le président du conseil d’aire Paici-Camuki. «Deuxième axe, nous avons un devoir de transmission. Et l'axe trois, le devoir de réconciliation.»
 

Retour en fin d'année

Alban Bensa reviendra en octobre ou novembre prochain, pour présenter à la tribu de Poyes une mouture de l’ouvrage.

Ecoutez le reportage de Marguerite Poigoune.