«La Faim des totems» s'expose à Voh

Jusqu'au 8 octobre, Nicolas Molé fait découvrir au centre culturel de Voh l'aspect invisible de la culture kanak. L'artiste plasticien cherche à créer un déclic auprès de la population de Nouvelle-Calédonie, dans une société en constante évolution.
 
Diplômé des Beaux-arts, Nicolas Molé s'avère un artiste du genre très discret. Enfant métissé, originaire de Lifou par son père et du Poitou par sa mère, il vit de sa passion depuis une vingtaine d'années et a su développer des pratiques artistiques très diverses. «Je présente dans cette exposition du dessin et des volumes, décrit-il. Ces dessins sont réalisés avec un feutre. J’aime que les contours soient très fins, souvent en noir et blanc. J’utilise très peu la couleur même si c’est quelque chose qui m’intéresse vraiment.»
 
 

Réflexion contemporaine sur les esprits

«La Faim des totems», présentée au centre culturel de Voh jusqu'au 8 octobre, est le fruit d’une réflexion contemporaine sur le monde invisible cher à la culture kanak. Des esprits protecteurs des ancêtres, qui ont tendance à être dilués dans une société en pleine évolution.
 

"La Faim des totems", comme on l’entend, ça semble pessimiste au sens de quelque chose qui se termine. J’ai choisi de l’écrire ainsi pour dire qu’il faut se nourrir de nos totems et ne pas les oublier.

 

Un lien avec le passé

L’artiste se veut optimiste et fait de son art un lien avec le passé. «"La Faim des totems", comme on l’entend, ça semble pessimiste au sens de quelque chose qui se termine, traduit Nicolas Molé. J’ai choisi de l’écrire ainsi pour dire qu’il faut se nourrir de nos totems et qu’il ne faut pas les oublier.»
 
 

«Nourriture spirituelle»

Et d’ajouter : «Aujourd’hui, il faut revenir à cette nourriture invisible, à cette "nourriture spirituelle", qui nous indique le chemin à suivre.» Un regard est ainsi porté sur l’avenir : «Pour les nouvelles générations, c’est important de se nourrir de ce que les grand-pères avaient comme histoires, avec chaque totem, de chacun des clans, et les relations entre ces totems.»
 

Dix-huit toiles

Dans la case du centre culturel, Nicolas Molé expose dix-huit toiles. Des tableaux, des totems dessinés avec finesse, du pays et d’ailleurs, et des sculptures dont l'une est totalement inspirée d’un chant de Kiki Karé. «J’ai réalisé cette sculpture avec la montagne et la mine au-dessus», montre l’artiste des îles, «parce que pour moi, la montagne, c’est la maison de nos totems».
 
 

Dualité de la société

«Ce n’est pas une pièce contre l’industrie minière, modère-t-il. Je fais juste un constat. C’est-à-dire que l’on est en train de manger nos montagnes par le sommet et on détruit cet environnement qui peut être totémique.» Une exposition, qui interpelle sur la dualité de la société calédonienne, en constante transformation. Son auteur souhaite, l’espace d’un instant, changer le regard des habitants de ce pays. L'appel à un retour aux sources.

Entrée libre et gratuite.