Quand l’aloès se tresse

Tout est parti d'une commande pour un chapeau, raconte Bwaouma Kahene.
Les objets en feuilles d’aloès ont le vent en poupe. A Voh, une tresseuse s’est lancée dans la confection de sacs et de chapeaux. Très vite, ces objets trouvent des acheteurs sur les réseaux sociaux.
A l’aide d’un couteau, Bwaouma Kahene enlève les fibres d’aloès de leur écorce. Ces précieux fils blancs sont la base des objets confectionnés par cette mère de famille, originaire de la tribu de Témala. «Un jour, une femme m’a demandé de réaliser un chapeau, confie-t-elle. Elle devait assister à un mariage. Ce chapeau, elle ne voulait pas qu’il soit fait avec les feuilles de pandanus. J’ai essayé de le faire avec les fibres d’aloès et j’y suis parvenue. C’est comme cela que ça a commencé.»
 

Une technique traditionnelle

La technique n’est pas nouvelle. Depuis des décennies, l’aloès est utilisé pour la fabrication d’épuisettes. Cet instrument, réservé le plus souvent aux femmes, est destiné à pêcher la crevette de rivière. «Ici, dans la région Hoot Ma Whaap, nos mères et grand-mères confectionnent les épuisettes avec ces fibres d’aloès», souligne Bwaouma Kahene en rappelant : «On utilise également l’aloès pour soigner les brûlures.»
 

La confection, un travail minutieux

Les premiers essais de la quinquagénaire sont fructueux. La confection d’un objet demande néanmoins du temps. Pour un sac par exemple, le tressage des fibres peut prendre trois jours, sans compter le temps d’assemblage. A l’aide d’un fil et d’une aiguille, Bwaouma rassemble les éléments tressés. «Il y a des sacs carrés, d’autres sont arrondis, indique la mère de famille. Pour les arrondir, j’utilise comme support des boîtes de lait et pour les sacs de forme rectangulaire, je mets des bouts de cartons pour affiner les contours.»


 

La transmission d’un savoir-faire

Des clichés de ces objets ont été postés sur Internet. Depuis, les commandes affluent. Cette rentrée d’argent représente une bouffée d’oxygène, pour la famille. Mais la tresseuse souhaite également transmettre son savoir-faire: «Cela fait deux semaines que ma fille a commencé le tressage de fibres d’aloès, je suis contente qu’elle s’occupe. C’est important de valoriser le travail des femmes et surtout de le transmettre.» Bwaouma Kahene n’écarte pas l’idée de créer des espaces d’apprentissage. En attendant, elle souhaite affiner cette technique. 

Le reportage de Jean-Noël Méro.
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