Une collecte des savoirs culturels et traditionnels sur les dugongs en cours

De Belep à l'Ile des Pins, une cinquantaine de tribus côtières et de bords de mer est consultée.
Depuis 2010, le dugong fait l'objet d'un plan de conservation. Une enquête de terrain est menée auprès des clans de la mer d'une cinquantaine de tribus, de Belep à l'ile des Pins. Son but est de récolter les savoirs culturels et traditionnels autour de mammifère marin. Cette collecte a notamment eu lieu à la tribu de Oundjo, à Voh.

"Le dugong, il a une histoire particulière. C'est pour ça que les vieux ont dit que le dugong, c'est une être humain qui nous écoute de loin", explique Guate Tidjite, chef de clan à la tribu de Oundjo, à Voh. Il peut parler, pendant des heures, de la 'vache-tortue', nom donnée à l'animale en langue vernaculaire. Guate Tidjite a pêché le dugong à Oundjo, de la baie de Ouaco jusqu'à Pouembout, lorsque cela n'était pas encore interdit. "Comme nous, ici, nous n'avions pas de bétail, on était obligé d'aller à la mer pour avoir des tortues et des vaches marines et avoir de la viande pour nous", se souvient-il.

Un met de choix réservé à des cérémonies exceptionnelles

Déjà, à l'époque, des règles avaient été instaurées par les anciens, pour réguler les populations. "Ici, tous les vieux sont là, et on y fait toujours attention. On pêche seulement lors de grandes cérémonies, qu'elles soient religieuses, coutumières ou pour la fête des ignames. C'est tout. C'est ça la loi à Oundjo, mais je ne sais pas pour les autres tribus", complète Guate. Cette loi locale a permis, au fil du temps, de préserver l'espèce, pourtant en déclin.

Un animal sacré

Près de la moitié des dugongs qui étaient présents, en Nouvelle-Calédonie, ont disparu, en 10 ans. "C'est un animal sacré parce qu'il a une valeur pour nous. Le dugong, comme la tortue, étaient considérée, à l'époque, comme des mets très appréciés par les clans et les gens qui venaient lors de cérémonies", poursuit Alfred Tein, pêcheur.

Mieux cerner la perception des populations

Lors d'une réunion tenue, récemment, l'objectif était d'étoffer les connaissances historiques locales et de me mieux cerner la perception des populations quant à l'urgence de la préservation de l'espèce.

Au niveau scientifique, on va avoir des données sur la population, mais tout ce qui est des informations culturelles autour du dugong, des savoirs traditionnels, ce genre de choses on ne l'a pas. On ne peut l'apprendre qu'en venant sur le terrain et en allant auprès de la population, en allant en tribu.

Anaïs Morlon, du pôle patrimoine marin du Conservatoire des espaces naturels

Ce recueil culturel profite également à l'Agence de développement de la culture kanak, partenaire du projet. L'histoire du dugong, à travers l'œil et la mémoire des pêcheurs est une histoire à transmettre aux générations futures. "Cela veut dire aussi favoriser les espaces de transmission dans lesquels cette parole sort du cadre qui est celui d'une tribu, pour être partagée avec d'autres communautés, qui, je pense, pourront s'inspirer et bénéficier de ces connaissances", estime Emmanuel Tjibaou, directeur de l’ADCK.

Retrouvez, ci-dessous, le reportage de Brice Bachon :

©nouvellecaledonie

Retrouvez également Maële Brisset, de l'Institut de recherche de développement (IRD), invitée, samedi 14 mai, du journal télévisé. Elle était interrogée par Nadine Goapana :

©nouvellecaledonie