Le gouvernement l'a confirmé ce jeudi après-midi: deux nouvelles espèces de moustique ont été détectées à Tontouta. Dont un anophèle qui peut transmettre le parasite du paludisme. Récit des faits et description du plan d'action pour éradiquer ces deux insectes introduits en Nouvelle-Calédonie.
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Une intervention programmée sur quatre mois, plusieurs milliers d’hectares à traiter entre Païta et Boulouparis, pour un coût estimé à 150 millions CFP. Le gouvernement est sorti aujourd’hui de son silence officiel à propos de la nouvelle espèce de moustique repérée à Tontouta. Ou plutôt des espèces, puisqu’elles sont deux: anopheles bancroftii et aedes scutellaris. Résumé avec Jean-Paul Grangeon, médecin et directeur adjoint de la Dass, la direction des affaires sanitaires et sociales de la Nouvelle-Calédonie. Il répond à Martine Nollet.
Le Dr Grangeon explique le délai de réaction des autorités sanitaires après les découvertes successives de moustiques introduits.
Jean-Paul Grangeon par ailleurs invité du journal télévisé, à partir de 19h30.
Anopheles bancroftii
• L'un de ces moustiques est vecteur d’une maladie qui sévit tout près de chez nous, à commencer par le Vanuatu, mais dont la Calédonie est préservée : les seuls cas de paludisme recensés chez nous, deux à trois par an, ont toujours été importés. Or, la femelle de l’anopheles bancroftii peut porter le parasite responsable du paludisme. Maladie évitable, mais potentiellement mortelle. Selon l’Organisation mondiale de la santé, en 2015, on a relevé 212 millions de cas de paludisme et 429 000 décès.
• L’anopheles bancroftii est aussi vecteur de la filariose lymphatique (maladie endémique en Polynésie) et de deux pathologies considérées comme bénignes. Le virus Ross River (Australie et Papouasie-Nouvelle-Guinée) et le virus Sindbis peuvent toutefois causer des douleurs articulaires.
• On le trouve en Australie, en Papouasie-Nouvelle-Guinée et en Indonésie.
• Il se déplace dans un rayon d’un à neuf kilomètre(s). Il pique plutôt la nuit mais également en journée.
• Il se déplace dans un rayon d’un à neuf kilomètre(s). Il pique plutôt la nuit mais également en journée.
Aedes scutellaris
• L'autre de ces moustiques est un aedes comme on les connaît bien, mais d’une espèce que nous n’avions pas jusque-là, avec des gites larvaires qui seraient encore plus difficiles à éliminer. Selon la Dass, la présence d’aedes scutellaris en Calédonie multiplie les risques de dengue, zika et chikungunya. «Et potentiellement de fièvre jaune».
• On le trouve dans le Pacifique Sud et en Asie du Sud-Est.
• Il se déplace dans un rayon de 100 mètres autour de son gite larvaire. Il sévit plutôt au lever et au coucher du soleil.
• On le trouve dans le Pacifique Sud et en Asie du Sud-Est.
• Il se déplace dans un rayon de 100 mètres autour de son gite larvaire. Il sévit plutôt au lever et au coucher du soleil.
Chronologie
• Le moustique aedes scutellaris est repéré à la pépinière de Tontouta en mars 2016, puis de nouveau en février 2017. Puis en mars dans les bureaux nouméens de la pépinière, à Normandie.
• Deux moustique anophèles sont détectés à cette même pépinière en juin 2017.
• Puis un anophèle clairement identifié comme de l’espèce bancroftii est détecté en juillet à l’aéroport de Tontouta, dans un piège posé pour les besoins de la surveillance entomologique.
• Et à la fin du mois dernier, onze anopheles bancroftii sont capturés à la pépinière.
• Puis un anophèle clairement identifié comme de l’espèce bancroftii est détecté en juillet à l’aéroport de Tontouta, dans un piège posé pour les besoins de la surveillance entomologique.
• Et à la fin du mois dernier, onze anopheles bancroftii sont capturés à la pépinière.
Le plan de lutte
• Le plan présenté par le gouvernement pour éradiquer les deux espèces introduites vise à la fois les larves et les moustiques adultes. Pour les larves, il prévoit la recherche des gites, leur destruction, des mesures comme l’assèchement de marécages et l’épandage de Bti. Pour les adultes, il prévoit d’employer la deltaméthrine. Dans les deux cas, les traitements pourraient être appliqués par voie aérienne ou au sol.
• La zone identifiée représente un rayon de 3 kilomètres autour des points où les anophèle sont été détectés. Soit une surface de presque 4700 kilomètres en tout, qui s’étend sur Païta et sur Boulouparis.
• Un expert entomologiste australien mis à disposition par l’OMS, est attendu le 22 août pour aider à mettre en œuvre ce plan.
• Selon le gouvernement, des réunions publiques seront organisées à Païta et Boulouparis pour informer les habitants avant de démarrer les opérations.