Aux Philippines, la Pasionaria écologique contestée par l'industrie du nickel

Regina Lopez Secrétaire d'Etat à l'Environnement et aux Ressources Naturelles (DENR) des Philippines
Lundi, des représentants de l’industrie minière ont déclaré qu’ils discutaient avec le Président philippin, Rodrigo Duterte. Du maintien des exportations de nickel mais aussi du départ éventuel de Gina Lopez, la pasionaria écologiste.
L'information est sans fondement, officiellement en tout cas. Les représentants des sociétés minières ont démenti avoir demandé la tête de la secrétaire d’État à l’Environnement et aux Ressources naturelles : « Nous ne cherchons pas à déstabiliser Gina Lopez » souligne un représentant de l’industrie du nickel des Philippines. Pourtant, la presse de Manille fait état d’une guerre de l’ombre menée contre madame Lopez. « Elle sera maintenue à son poste, malgré l’opposition des lobby » croit savoir le sénateur philippin Manny Pacquiao, un proche du président Duterte.

Nouvelles piques

Au même moment, après avoir annoncé la semaine dernière qu’il cherchait un compromis avec l’industrie minière, le président philippin a semblé, une nouvelle fois, changer son fusil d’épaule : « les sociétés minières qui financent mes opposants politiques devraient se méfier. Je ne céderai pas (à l’industrie) quand il s’agit de la préservation de mon pays, de sa terre, je ferai le nécessaire »
Ce nouvel épisode, d’une série à rebondissements, ne passionne plus le LME. Les acteurs du nickel à Manille ont fini par lasser les investisseurs et les analystes londoniens, sans que ces derniers puissent toutefois les ignorer.

Incertitudes

Mardi matin, le nickel et les autres métaux industriels subissaient les faibles volumes échangés en Asie. Selon Marex Spectron, les perspectives d’évolution des prix du nickel sont encore positives malgré les incertitudes politiques pesant sur les exportations des Philippines et de l’Indonésie. De son côté, le Metal Bulletin de Londres rappelle les volumes qui seraient ajoutés où soustraits à l’offre mondiale. Ils représenteraient pour les deux pays, selon les options, entre 45.000 et 200.000 tonnes de métal pur. Une fourchette suffisamment large pour maintenir le suspense sur les prix mondiaux.

« Les niveaux de support ont évité la casse, il y a une bonne résistance, mais le nickel est difficile à lire, la hausse a été cassée par les Philippines. La tendance est haussière mais très lente. Pas d’autre option pour les producteurs, qu’ils soient canadiens ou calédoniens, que de continuer à baisser les coûts » souligne le négociant Triland Metals. 

Les indicateurs de croissance mondiale et notamment la hausse de la demande de nickel venant de Chine permettraient malgré tout au marché des métaux (LME) d’espérer une évolution légèrement favorable. "Un cours du métal autour de 11.600 dollars, en glissement annuel, reste une option intéressante" indique une note de la banque australienne Macquarie. Mardi, le nickel en était loin...