Accident mortel : un gendarme condamné à un an de prison ferme

Tribunal correctionnel de Nouméa.
Le tribunal correctionnel de Nouméa a prononcé, ce mardi, une peine de trois ans de prison, dont deux ans avec sursis, pour homicide involontaire et blessures involontaires, à l’encontre d’un gendarme. En avril 2022, le prévenu, qui n’était pas en service ce jour-là, avait provoqué un accident de la route mortel à Boulouparis.

« Je demande pardon ». C’est avec ces mots que le gendarme de Bourail s’est adressé aux victimes et aux familles de victimes, toutes présentes dans la salle d’audience, ce mardi 3 octobre. Des proches extrêmement bouleversés. 

Quelques instants plus tôt, ce Calédonien, jusqu’ici sans histoire, a tenté d’expliquer comment son imprudence avait pu causer la mort d’un homme et les blessures de deux autres, sur la RT1 à hauteur de Tomo, dans la commune de Boulouparis.


Un habitué de la vitesse 

Ce matin du 11 avril 2022, cette homme roule en direction de Nouméa, où il doit récupérer sa fille. Il n’est pas spécialement pressé mais comme beaucoup de conducteurs du Caillou, il a l’habitude de conduire vite, de doubler. Car il ne supporte pas de rester dans la file de voitures, reconnaît-il à la barre. 

Alors le quadragénaire multiplie les manœuvres de dépassement, jusqu’au moment où un véhicule, qu’il n’avait pas vu, arrive en sens inverse. Le gendarme a juste le temps de se rabattre sur sa voie de circulation. Mais trop tard, le conducteur d’en face panique et perd le contrôle de son véhicule, qui vient s’encastrer dans une autre voiture. Bilan : un mort et deux blessés.

Mon cerveau a déconné.

Le prévenu



Un auteur qui tarde à reconnaître sa responsabilité 

Pendant l’audience, la procureure insiste sur la conduite extrêmement dangereuse du prévenu, confirmée par tous les témoins du drame. Une attitude à risque, sans laquelle il n’y aurait pas eu d’accident, dit-elle. Et qui vient s’ajouter à un bilan déjà catastrophique en matière de sécurité routière pour le pays. 

« Mon cerveau a déconné », tente de justifier le prévenu, ajoutant que le fait d’avoir travaillé la veille avait peut-être joué contre lui.

Mais cette fatigue, ainsi que le choc, peuvent-ils expliquer le comportement du gendarme au moment des faits ? Car celui-ci ne s’est pas présenté comme le responsable de l’accident. Et plusieurs auditions et témoignages auront été nécessaires pour faire « accoucher la reconnaissance de la vérité ».

Pire, dans un premier temps, ce sont les occupants d’une voiture qui se trouvaient derrière lui, et qui n’étaient pas responsables de l’accident, qui seront entendus par les gendarmes. L’auteur, lui, fera mine de rien, se mêlant à ses collègues gendarmes pour faire la circulation pendant le drame. 

L’enjeu, c’est qu’il n’y ait pas d’incarcération pour mon client

Me Calmet, avocat de la défense


Pas d’inscription au casier judiciaire

Le militaire a finalement été condamné, ce mardi 3 octobre, à trois ans de prison, dont deux avec sursis et une année aménageable sous bracelet électronique. A cela s’ajoute une annulation de son permis de conduire, avec interdiction de le repasser dans les douze prochains mois. Cette condamnation ne sera pas inscrite à son casier judiciaire, afin de permettre au prévenu de continuer à exercer son métier.

A l’issue de cette audience particulièrement douloureuse pour les parties civiles, Me Martin Calmet, l’avocat de la défense, a qualifié d’"équilibrée et juste" la peine prononcée à l’égard du prévenu. "L’enjeu, c’est qu’il n’y ait pas d’incarcération pour mon client", a-t-il ajouté.

L’avocate de la partie civile, Me Cécile Moresco, n’a pas souhaité commenter cette décision par "respect" pour les familles. Les proches de la victime se sont toutefois exprimés sur les réseaux sociaux, indiquant que "l’issue de ce jugement satisfait complètement la famille".