Un milieu acide, quasiment sans oxygène, où la température de l’eau est supérieure de 2 à 3 °C, voilà à quoi ressembleront les océans à l’avenir si l’on ne fait rien pour lutter contre le réchauffement climatique. Mais ces conditions sont déjà celles que subissent les coraux de la mangrove de Bouraké. C’est en 2016 que Riccardo Rodolfo-Metalpa, chercheur à l’IRD découvre ce site atypique dont « la morphologie du système de mangrove donne un pH très très faible. L’eau est plus chaude dans la mangrove donc quand elle passe dans les coraux, ça donne un, deux, ou trois degrés en plus ». Autre constat, « il (le site de Bourake) est aussi pauvre en oxygène parce que dans les mangroves, il y a aussi les sédiments oxyde etc… Donc ces facteurs impactent le récif corallien ». Laboratoire à ciel ouvert, Bouraké intrigue les scientifiques car les coraux y semblent presque indestructibles : ainsi lors de l’épisode de blanchiment de corail de 2016, seuls 20% ont été touchés, contre 100% des coraux récifaux.
Le scientifique est persuadé que la réponse se trouve dans leur ADN. « Les coraux de Bouraké, on pense vraiment qu’ils sont génétiquement adaptés à ces conditions », mais selon lui, « la clé maintenant est de comprendre si cette adaptation est une adaptation rapide. Bouraké existe depuis une centaine d’années… Est-ce que les coraux ont mis ce temps-là à s’adapter ? ». D’autres pistes, dont la cohabitation avec une bactérie ou la présence de métaux agissant comme une « vitamine », sont envisagées. Quelle que soit la raison de cette résistance, Bouraké comme les autres sites où vivent des coraux super résistants pourraient aider à mieux les protéger. C’est le message que Riccardo portera à la COP 27 :
On s’est dit pourquoi ne pas présenter nos résultats en disant ce que nous avons trouvé. Est-ce qu’on peut utiliser les mécanismes que nous sommes en train d’étudier ou au moins les pistes, pour aider les coraux dans futur.
Riccardo Rodolfo-Metalpa, chercheur à l'IRD Nouvelle-Calédonie
Si la découverte de ces coraux super résistants est une bonne nouvelle, il n’en reste pas moins que les récifs du monde entier sont en grande souffrance : leur disparition annoncée semble plus rapide que prévue, selon les scientifiques.