La commune de Bourail est l'un des greniers de la Nouvelle-Calédonie. Avec ses 5531 habitants, on y trouve une tradition agricole ancestrale toujours d'actualité, mais aussi des atouts pour le développement, dont le tourisme, même si les nouveautés ne font pas toujours l'unanimité.
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Dans les champs de l'exploitation agricole de Guy Moulin, à Téné, les terres sont plutôt pauvres. Il faut les amender en engrais, mais elles ne reçoivent aucun pesticides.
Ici, on produit chaque année 3000 tonnes de fruits et de légumes, avec le soutien de l'irrigation. Une culture gérée en alternance pour soulager les sols et varier les productions, à l'image de cette parcelle où l'agriculteur a planté des agrumes. "On a bien mis deux variétés de citron, avec du quatre saisons, qui se comporte moins bien que la lime de Tahiti mais il est préféré des consommateurs " explique l'agriculteur.
L'accès au logement des travailleurs agricoles
Aujourd'hui, Guy Moulin est le plus gros employeur de la région dans le domaine agricole. Il fait travailler plus de 70 personnes, des permanents et des saisonniers principalement recrutés dans les six tribus de la commune. Le problème majeur réside dans leur hébergement, un système de base vie agricole serait le bienvenu. "Il n'est pas question de faire du logement social, c'est simplement une structure à la disposition des agriculteurs, pour une période momentanée de manière à faciliter l'embauche des gens qui sont autour. Ceux qui nous écouteront devront à mon avis, avoir une réelle pensée là-dessus. Si on veut donner de l'emploi en brousse, c'est probablement un des leviers à développer " explique Guy Moulin.
Ne pas oublier le mode de vie broussard
L'autre secteur d'activité en évolution à Bourail, c'est le tourisme, surtout dans la zone de la Roche Percée et de Poé, où les nouvelles enseignes ont fleuri ces dernières années. L'offre s'est enrichie en parallèle du domaine de Deva, où l'hôtel de luxe et son golf de 18 trous en bordure de lagon ont ouvert en 2014. Et pas forcément pour le bonheur de tous. Dominique Burguière, membre du collectif 400, milite pour un développement du domaine de Deva qui n'oublie pas les résidents. La Bouraillaise de souche se bat avec les autres membres du collectif pour la préservation de ces campements installés ici depuis plus de 60 ans.
"On aime bien être libre, pouvoir juste avoir un petit abri pour pouvoir avoir un pied à terre, pour poser à manger et les affaires. Après, on vit avec la nature, on va à la pêche, on fait notre petit feu avec les enfants, on raconte des histoires, on fait des coups de fêtes car le mode de vie Broussard s'il n'y a pas de coups de fête ou de chasse, c'est pas le mode de vie Broussard "
Préserver l'accès à la nature
Le collectif 400 veut préserver un accès libre et gratuit à cette zone qui n'est plus dans la réserve maritime et où on l'on peut donc pêcher. Mais il se heurte à l'institution provinciale et à une association porteuse d'un projet de centre de vacances avec un camping à bas prix. Un concept payant, loin de l'esprit solidaire et gratuit de ces petits abris farouchement défendus par le collectif 400. "On veut vraiment préserver une zone où il n'y a pas de béton, pas d'électricité, pas d'eau, pas de wifi. On est dans une sorte de "Earth connection" ça s'appelle, un lieu où on est connecté à la terre "
Pas d'ambition politique pour ces Bouraillais, mais des oppositions de styles qui devront être arbitrées par la province Sud et par la future équipe municipale.
Le reportage d'Erik Dufour et Nicolas Fasquel.