[MàJ] Le Sheraton Deva en grande difficulté

La structure hôtelière de la province Sud qui était déjà en difficultés financières avant le confinement est aujourd’hui dans une situation catastrophique selon la direction. La crise du Covid n’a fait qu’accélérer cette descente. L'hôtel va réduire la voilure, jusqu'à la fin de l'année.
« La situation du Sheraton de Deva, depuis son ouverture, depuis six ans, elle est catastrophique » se désole Olivier Jaquemet, directeur général de la Société des Hôtels de Nouméa et celle de Deva.
 

Pas tenable financièrement

Le Sheraton Deva, un véritable gouffre financier depuis ses débuts. L’établissement 5 étoiles installé à Bourail depuis 2014 tourne à perte. La crise du Covid n’aidant pas, l’hôtel n’ouvre plus que le week-end avec une clientèle exclusivement locale, les 35% issus de l’international ont disparu avec l’arrêt des vols touristiques. 
« Avant le Covid, on perdait en exploitation 250 millions (de francs CFP, ndlr) par an, sans parler du remboursement des emprunts. On rajoute le Covid, qu’est ce qui se passe ? C’est qu’on a un chiffre d’affaires à zéro à la semaine, et on est ouvert que les weekends, donc on a une activité qui est effectivement réduite. On a mis le personnel en chômage partiel, mais on a une rentabilité qui est encore plus dégradée de par la situation actuelle »  poursuit Olivier Jaquemet. «  Des décisions devront être prises parce que ce n’est pas tenable financièrement parlant de continuer, même en n’étant que les weekends. Là, c’est juste pour limiter la casse, mais on ne peut pas continuer comme ça ». 
 

Des services supprimés

L’établissement a été aussi obligé de réduire, voire de supprimer certains services.
« On a levé le room-service la nuit. On avait un Kids Club qui était apprécié pour les familles qui venaient avec des enfants, en ce moment, on l’a fermé. On a un certain nombre de prestations qui étaient du standard de Marriott, que nous sommes en train de réduire ».  
Au Sheraton Deva
 

Un gouffre de 800 millions par an

Le reflet d’un projet hôtelier trop ambitieux, trop luxueux selon le directeur général qui d’après lui, ne répond pas à la demande locale. Résultats, les pertes financières sont énormes.
« Depuis six ans, le Sheraton est un gouffre de 800 millions par an. Ça fait quasiment cinq milliards qui ont coûté à la SHN (Société des Hôtels de Nouméa, détenue à 90 % par le province Sud, ndlr) »
Des réflexions sont menées auprès de la province Sud pour réduire très vite la capacité de fonctionnement du Sheraton de Deva, bien trop coûteux pour la collectivité.
 

Aucun plan de licenciement envisagé pour le moment

Les 150 employés de la structure, déjà placés en chômage partiel, pourraient se voir proposer des emplois à mi-temps. 

De son côté, Sonia Barket, présidente de la "société hôtelière de Déva", a tenu ce vendredi à mettre fin aux rumeurs de démantèlement de l'établissement. 
 
Pour l'heure c'est une option qui n'est pas envisagée du tout, pour trois raisons. La première, nous sommes dans un cadre de défiscalisation, qui ne nous permet pas de sortir du cadre de l'hôtellerie. La seconde, c'est que nous sommes sur un domaine provincial, qui est loué sur un bail emphytéotique, certes, mais qui ne nous permet pas de maîtriser le foncier. Et la troisième raison, c'est qu'historiquement, les partenaires locaux ont toujours été défavorables à un démantèlement et à une privatisation des actifs du domaine de Déva  - Sonia Barket, présidente de la société hôtelière de Déva

Le reportage de Laureleï Aubry et Franck Vergès : 
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