"Comment on fait pour payer le loyer ?", le bailleur SIC déploie des permanences afin d'accompagner ses locataires malgré la crise

La première permanence de proximité organisée par le bailleur au Mont-Dore a eu lieu le 19 juillet 2024, à la résidence Le Jardin des sens, située dans la partie Sud du la ville.
La SIC a lancé fin juillet une permanence de proximité à la maison de quartier de Dumbéa-sur-mer. D'autres ont eu lieu à Nouméa ou au Mont-Dore. En cours de déploiement, elles s'inscrivent dans une nouvelle organisation mise en place par la société immobilière, principal bailleur social de Calédonie, pour composer avec la situation de crise.

"Comment on fait pour payer le loyer et qu’on n’a plus de travail ?" En quête de réponses et de solutions, Émile s’est rendu à la mairie du Mont-Dore, où la SIC tenait une permanence décentralisée. Sa famille habite un F4 à Robinson, dans une résidence gérée par le bailleur social. La crise actuelle pèse sur leur quotidien à plusieurs titres. "Ma femme travaillait comme salariée dans un centre médical", explique le patenté originaire des Loyauté. "Elle est femme de ménage et le centre médical a été brûlé."

Chercher un emploi en ce moment… Il éclate de rire, comme désabusé. "Pour trouver du travail, c’est la galère." Ses contrats à lui pâtissent également de la situation. Émile exprime le sentiment que les exactions des onze dernières semaines ont mis à mal les rapports de confiance avec certains clients. "Ça me pénalise. Ils ont peur que je franchisse leur quartier, lâche-t-il, et que j’amène ma famille…"

"Là, c’est dur"

En attendant, il faut s’acquitter du loyer. "On ne sait plus comment on va faire pour trouver l’argent, confie-t-il. Le mois de juin, on a eu des soucis. Le mois de juillet, ça passait, mais on a eu un retard. Il faudra assurer le prochain mois mais si c’est pareil, on fait comment ? Là, c’est dur." La famille envisage de rentrer aux îles. Mais "le fait de retourner à la tribu, ce serait encore plus dur", craint-il. "Si c’est compliqué ici, ça le sera encore plus là-bas."

Présence dans le Nord et le Sud du Mont-Dore

Comme lui, une cinquantaine de locataires ont été reçus jeudi 25 juillet, à Boulari, par les agents de la SIC qui tenaient cette permanence d'un nouveau type. Constance vit aux Roches grises, à Yahoué. Elle a profité de l'occasion pour se renseigner sur les poubelles, par exemple. Un habitant d'une résidence située à Boulari s'est déplacé après avoir été prévenu par message qu'il avait des démarches à faire. Une résidente de Saint-Michel est venue pour son dossier d’aide au logement ainsi qu'une réclamation, etc.

La première permanence au Mont-Dore avait lieu vendredi 19 juillet, dans la partie Sud isolée par la coupure de route provinciale. Ce jour-là, 24 autres habitants d'un logement géré par la société immobilière ont répondu au rendez-vous, qui s'est tenu à la résidence SIC Le Jardin des sens. Ils ont été pris en charge par des agents eux-même domiciliés au Mont-Dore Sud. 

La société bouleversée dans son fonctionnement

Comme Maëva Lecren, responsable du service développement social. "Par la force des choses, nous avons été obligés de repenser notre déploiement de la proximité", résume-t-elle. Si la SIC vient à la rencontre de ses locataires de cette nouvelle manière, c'est parce qu'elle aussi, a été bouleversée par les violences et les troubles. En dehors du siège qui se trouve à Nouméa au Quartier-Latin, le bailleur disposait de quatre agences pour rencontrer ses quelque 26 000 bénéficiaires. Après les exactions de mai, deux ne sont plus opérationnelles. Les deux qui étaient les plus conséquentes. Leurs employés ont été réaffectés.

Deux agences de moins 

L'agence qui se trouvait à la cité de Saint-Quentin et celle des tours de Magenta géraient chacune environ quatre mille logements. Magenta était la référence pour le patrimoine SIC dans le Sud et le centre de Nouméa. Saint-Quentin avait dans son escarcelle les résidences allant de Rivière-Salée à Bourail, en ajoutant celles du Mont-Dore (plus d'une vingtaine soit 520 familles) et une poignée de logements sur terre coutumière à Yaté. S'ajoutent au tableau l'absence prolongée de bus pour rejoindre le siège ou l'agence du centre-ville, des secteurs encore difficiles d'accès mais aussi la situation budgétaire de la SIC, extrêmement contrainte. 

La première permanence a concerné la zone de Tuband

Depuis quelques semaines, des équipes mobiles sont donc déployées, afin de permettre aux clients d’effectuer leurs démarches près de chez eux. À savoir déposer ou récupérer les documents pour le dossier d'aide au logement qui est à renouveler chaque année, émettre les réclamations urgentes, payer le loyer mais aussi chercher des solutions face aux difficultés de paiement… 

À Nouméa, une permanence de proximité s'est d'abord tenue à sa résidence pour personnes âgées des Cerisiers bleus. Elle s'adressait au public SIC dans la zone de Tuband. Il y a eu le Mont-Dore, en lien avec la mairie. D'autres sont planifiées en partenariat avec la ville de Dumbéa, elles commençaient le 30 juillet, à la maison de quartier de Dumbéa-sur-mer (c'est au 85 avenue des Télégraphes). Municipalités, prestataires de service, associations : la SIC discute avec ses partenaires dans le but de mutualiser les lieux. 

 

De nouveaux outils

"C’est un nouveau déploiement de la proximité, en plus de ce qu’on a déjà", insiste Maëva Lecren. "On a un centre de relation clientèle, avec un numéro qui était payant mais qui a été passé en numéro vert. C’est une des innovations récentes." Les appels au 05 04 44 sont donc gratuits (il est désormais accessible du lundi au vendredi, de 8 heures à 16 heures). "On a toujours notre espace clientèle sur internet." Par ailleurs, "lors des permanences, on peut permettre aux locataires de payer et notre service informatique a développé une application pour qu’on puisse payer par carte bleue". Ce qu'a fait une partie des personnes déjà venues à ces permanences décentralisées.